Loi El Khomri : une réforme digne d'un feuilleton

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Gabriel Vedrenne avec AFP
DANS LE RETRO - Europe 1 revient sur les nombreux incidents qui ont émaillé le projet de loi défendu par la ministre du Travail.

Le projet de loi Travail "n'est absolument pas mort-né", a tenu à souligner mardi Myriam El Khomri. Pourtant, sa réforme n'est pas passée loin de la sortie de route, tant le texte et la ministre qui le défend multiplient les critiques. Retour sur les principaux épisodes d'un texte très contesté.

• 17 février : la stupéfaction à gauche.
Lors de sa première présentation, la ministre du Travail insiste : les 35 heures, le smic et le CDI sont les trois valeurs cardinales du Code du Travail, le gouvernement n'y a donc pas touché. Mais le reste de son projet de loi ne va pas tarder à provoquer de vives réactions : les licenciements seraient plus faciles et moins coûteux, l'employeur aurait bien plus de liberté en matière de temps de travail et si le principe des 35 heures est préservé, il sera encore plus facile de le contourner. Bref, une bonne partie des élus de gauche hésitent entre silence gêné et indignation. Les discussions s'annoncent compliquées.

• 18 février : la menace du 49.3.
La ministre vient à peine de présenter son texte qu'elle envisage un passage en force. Interrogée par Les Echos sur un possible recours au 49.3 si elle ne trouve pas de majorité pour voter son texte, Myriam El Khomri répond : "nous voulons convaincre les parlementaires de l'ambition de ce projet de loi. Mais nous prendrons nos responsabilités". Pas vraiment idéal en termes de dialogue social apaisé. La ministre tu Travail a depuis fait marche arrière.

• 19 février : la pétition qui monte, qui monte.
François Hollande assure que "les salariés français ne verront aucun de leurs droits remis en cause" par la loi ? La féministe Caroline De Haas et de militants associatifs et syndicalistes ne partagent pas cet avis et lancent une pétition en ligne. Intitulée "loi Travail: non merci !", cette pétition va rapidement recueillir plus de 1 million de signatures en moins de trois semaines. Le gouvernement crée de son côté un compte Twitter baptisé @LoiTravail.

• 23 février : les syndicats sur la même ligne.
Dix organisations syndicales se réunissent en intersyndicale et leur avis est globalement négatif sur le projet de loi El Khomri : neuf syndicats appellent au retrait de la barémisation des indemnités prud'homales. FO, qui n'a pas signé, estime le projet "pas amendable" et demande son retrait pur et simple.

• 28 février : le gouvernement lâché par ses soutiens naturels. 
Si la ministre du Travail s'attendait à recevoir des coups de la part des syndicats les plus virulents, la suite l'a probablement surprise. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, pourtant régulièrement sur la même ligne que le PS, appelle sur Europe 1 le gouvernement à "reporter" le projet. Affront suprême, le gouvernement est en partie lâché par le Parti socialiste lorsque son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, demande que le texte soit "rééquilibré".

• 29 février : un report et un nouveau nom pour tenter de convaincre.
Manuel Valls annonce le report d'une "quinzaine de jours" de sa présentation en conseil des ministres afin de "retravailler" le texte avec les partenaires sociaux. Et pour bien montrer que le gouvernement se préoccupe autant du sort des travailleurs que de celui des employés, le projet de loi change de nom : il n'est plus question de "nouvelles libertés", le texte est désormais intitulé "avant-projet de loi sur les nouvelles protections pour les entreprises et les salariés".

• 1er mars : l'annonce d'une première manifestation. 
Les organisations de jeunesse dont le premier syndicat étudiant, l'Unef, n'attendent pas que les syndicats bougent pour appeler à une journée d'action le 9 mars. Les appels syndicaux à manifester se multiplient à Paris et en région.

• 3 mars : les syndicats s'y mettent.
Sept syndicats, dont la CGT, FO et Solidaires, décident à leur tour de descendre dans la rue. Ils appellent à une journée de manifestation et de grève le 31 mars.

• 7 mars : un nouveau cycle de discussions. 
Après avoir promis la veille des "améliorations", Manuel Valls joint la parole aux actes et commence à recevoir toutes les organisations syndicales et patronales. La CFTC note "des ouvertures", la CFDT attend d'en savoir plus, tandis que FO et la CGT réclament toujours le retrait pur et simple.

• 9 mars : les opposants dans la rue. 
Myriam El Khomri s'apprête à passer son baptême du feu et à affronter sa première journée de mobilisation. Une journée de contestation d'autant plus audible qu'elle coïncide avec une mouvement de grève des cheminots.