Loi El Khomri : François Hollande ne veut pas du 49.3

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David Doukhan avec M.B.
RECADRAGE - Alors que la ministre du Travail, Myriam El Khomri, avait évoqué la possibilité d'utiliser le 49.3 pour faire passer sa loi, l'Elysée s'y oppose.

"Nous voulons convaincre les parlementaires de l’ambition de ce projet de loi. Mais nous [avec le Premier ministre] prendrons nos responsabilités." Cette phrase, prononcée par Myriam El Khomri dans son interview aux Echos parue jeudi, avait ajouté de l'huile sur un feu déjà nourri. Alors que la réforme du travail portée par la ministre, qui n'en est pour l'instant qu'au stade d'avant-projet de loi, irrite déjà la gauche, soulever la possibilité de l'usage du 49.3 pour faire passer le texte sans vote au Parlement a été vécue comme une ultime provocation.

Bras de fer entre Matignon et l'Elysée. Et même le chef de l'Etat ne l'entend pas de cette oreille. Si Manuel Valls a tenté de le lui imposer, François Hollande ne veut pas d'un passage en force. Un bras de fer oppose donc bien Matignon et l'Elysée sur cette question. Mercredi matin, une dernière réunion d'arbitrage avait mis tout le monde d'accord sur le contenu de la réforme. Le président avait donc donné son feu vert à Myriam El Khomri pour accorder une interview, ce que la ministre du Travail a fait. Une première version de l'entretien a été validée par l'Elysée, avant de passer entre les mains des services de Matignon. Et ce n'est qu'à ce moment-là qu'est apparu le fameux "nous prendrons nos responsabilités".

Le Palais veut apaiser. Cette menace de 49.3 porte bien la patte de la méthode Valls, habitué à mettre une pression maximale en début de négociation. Mais cela n'enchante pas du tout le président, qui compte maintenant faire dégonfler la polémique. Les proches du chef de l'Etat répandent donc la bonne parole : "Il y aura un débat parlementaire approfondi et une majorité. On ne pourra jamais reprocher à François Hollande de ne pas être un homme de dialogue." Si Manuel Valls est prêt à brutaliser son aile gauche une nouvelle fois, le président, lui, aimerait bien réformer mais pense à sa candidature en 2017. Le temps est donc, pour lui, à l'apaisement de sa majorité.

Des évolutions possibles. Quitte à édulcorer un peu le texte. François Hollande est très attaché aux mesures visant à faciliter les licenciements économiques. En revanche, l'un des rédacteurs du texte admet qu'il est possible de faire évoluer le projet de loi sur le plafonnement des indemnités prud'homales et sur la prééminence de l'accord d'entreprise sur l'accord de branche. Cette dernière mesure étant celle pointée du doigt pour sa remise en cause de facto des 35 heures.