"Dieselgate" : Renault dit ne pas avoir passé de provisions dans ses comptes 2016

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Renault n'a pas prévu de fonds pour anticiper d'éventuelles sanctions financières © ERIC PIERMONT / AFP
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avec AFP , modifié à
Le constructeur automobile n'a pas provisionné de fonds pour pallier aux éventuelles conséquences d'une condamnation dans le cadre du "dieselgate".

Renault a annoncé vendredi qu'il n'avait pas passé de provisions dans ses comptes 2016 pour faire face aux éventuelles conséquences financières d'une affaire d'émissions de moteurs diesel ("Dieselgate") qui lui vaut d'être visé par une information judiciaire en France.

Aucune provision n'a été prévue. "Aucune provision n'a été enregistrée au titre de l'enquête sur le diesel en France", a indiqué dans un communiqué le premier constructeur automobile français, à l'occasion de la publication de ses résultats financiers 2016. Le parquet de Paris a ordonné le 12 janvier l'ouverture d'une information judiciaire pour "tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués", ajoutant comme circonstance aggravante que "les faits ont eu pour conséquence de rendre la marchandise dangereuse pour la santé de l'homme ou de l'animal".

Des informations judiciaires pour tromperie. Le groupe au losange est le deuxième constructeur automobile à devoir s'expliquer devant la justice française : une information judiciaire visant Volkswagen, qui a reconnu en septembre 2015 avoir équipé onze millions de ses véhicules diesel à travers le monde d'un logiciel destiné à tromper les contrôles anti-pollution, a été ouverte en février 2016 pour "tromperie aggravée". 

L'information judiciaire visant Renault fait suite à une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), alimentée en partie par les conclusions de la commission d'experts indépendants mise en place en octobre 2015 par la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, après le scandale Volkswagen.

Peu de frais pour Volkswagen en Europe. Alors que l'affaire a déjà coûté plus de 20 milliards d'euros au géant allemand, soit six fois le bénéfice net publié vendredi par Renault, la directrice financière de cette dernière entreprise, Clotilde Delbos, a justifié vendredi le fait de ne pas passer de provisions dans les comptes 2016. "Ce que ça coûte à notre collègue germanique, c'est principalement aux États-Unis. Si vous regardez ce que ça leur coûte en Europe, à ce stade, je n'ai pas vu grand chose", a-t-elle indiqué lors d'un point presse au siège de l'entreprise à Boulogne-Billancourt (sud-ouest de Paris).

"Nous sommes très confiants". En outre, "le sujet qui concerne Renault est principalement lié à la France, sur un dossier qui a été travaillé par la DGCCRF, dont nous ne connaissons pas le contenu, mais qui a été transmis au parquet et [au sujet duquel) nous n'avons absolument aucune information", a-t-elle précisé. "Nous sommes très confiants, nous n'avons pas triché, nous l'avons dit, nous le redisons", a encore lancé la directrice financière, pour qui l'affaire est née plutôt "de l'interprétation de normes que d'un problème vis-à-vis de normes existantes".

De nouveaux dossiers autour du diesel. De plus, "pour pouvoir provisionner quelque chose, vous devez avoir une estimation d'un coût et une probabilité suffisante d'occurrence". Or, Renault n'ayant pas encore eu communication du dossier, "il me semble impossible de provisionner quoi que ce soit", a-t-elle insisté. La répression des fraudes a transmis au Parquet les dossiers de deux autres constructeurs ces derniers jours : Fiat Chrysler, en début de semaine, et le groupe français PSA (Peugeot, Citroën et DS) jeudi soir.