Des pannes de courant "injustes"

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Sophie Amsili , modifié à
L'UFC-Que Choisir dénonce un manque d'investissements qui pénalise certains usagers.

"Inefficace, coûteux, et injuste". Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, n'a pas mâché ses mots jeudi pour qualifier le réseau d'alimentation en électricité. L'association de consommateurs a dévoilé une étude qu'elle qualifie d''alarmante". Elle dénonce de fortes disparités entre les départements et déplore des investissements en dents de scie.

Les départements inégaux. Les Français ne bénéficient pas de la même qualité de réseau sur tout le territoire selon l'étude. Ainsi, les habitants du Morbihan et de Dordogne sont les moins bien lotis : en moyenne, leur électricité est coupée respectivement 195 minutes et 180 minutes par an. A l'inverse, Paris et deux départements limitrophes (la Seine-Saint-Denis et les Hauts-de-Seine) ne sont privés d'électricité que 30 minutes par an.

>> Consultez les cartes sur le site de l'UFC-Que Choisir

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© UFC Que-Choisir

A cela s'ajoute une évolution très inégale de la situation dans les différents départements. Ainsi, le Morbihan a vu son temps de coupure se dégrader de 59% entre 2008 et 2011. De même pour la Charente-Maritime (-60%), qui subit aujourd'hui entre 120 et 169 minutes de coupure par an.

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© UFC Que-Choisir

Des investissements en dents de scie. Si la qualité du réseau s'améliore après une longue période de dégradation, l'UFC-Que Choisir met en garde contre une évolution "en trompe-l'oeil". Les coupures d'électricité se sont aggravées de 50 à 200 minutes de 2002 à 2009, avant de se redresser en 2011 à 73 minutes en moyenne en France. La faute à des investissements qui, malgré une reprise récente, restent insuffisants, dénonce l'étude : "seulement 826 millions d’euros, alors que le besoin est estimé à 2 milliards d’euros par an d’ici 2020".

Ce que réclame l'UFC. Première demande de l'association : plus de transparence "sur les coupures et la qualité du courant". Mais surtout, l'UFC-Que Choisir réclame de plus grandes incitations pour qu'ERDF cherche à réduire les coupures d'électricité. Aujourd'hui, "le dispositif de bonus/malus de la CRE [l'autorité administrative qui surveille les marchés de l'électricité et du gaz en France, ndlr] se base principalement sur une moyenne nationale du temps de coupure sans prise en compte des disparités territoriales", regrette l'association. De même, la compensation financière qu'ERDF doit aux clients est "trop faible (moins de 10 € pour 48 heures de coupure continue)", soit 10 à 15 fois moins que les Italiens et les Suédois, note l'UFC-Que Choisir. 

ERDF se défend. "Malgré une accélération des aléas climatiques en 2012 (8 événements significatifs contre 2 en 2011), la distribution de l'électricité en France maintient un bon niveau de qualité", a souligné le gestionnaire de réseau. ERDF a également rappelé que la Cour des comptes le considérait comme  le distributeur d'électricité ayant le meilleur rapport qualité-prix d'Europe, et parmi les plus performants en termes de coupures.