Des échalotes contrefaites aux petits oignons

Les producteurs d'échalotes ont dénoncé jeudi une nouvelle supercherie de commercialisation d'oignons sous l'appellation  d'échalotes traditionnelles, mettant au jour un différend vieux de quinze ans.
Les producteurs d'échalotes ont dénoncé jeudi une nouvelle supercherie de commercialisation d'oignons sous l'appellation d'échalotes traditionnelles, mettant au jour un différend vieux de quinze ans. © Reuters
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avec AFP , modifié à
Les producteurs français d'échalotes dénoncent la vente d'oignons appelés "échalotes".  

Dans la course à la vente d'échalotes, tout n'est pas permis, clament les producteurs français. Les 450 membres de la Section nationale de l'échalote traditionnelle ont convoqué jeudi une conférence de presse pour avertir le consommateur d'une "tromperie" concoctée aux petits oignons. Et ce n'est pas qu'une image. Les producteurs français dénoncent en effet une nouvelle supercherie de vente d'oignons sous l'appellation d'échalotes traditionnelles.

Les Pays-Bas pointés du doigt. Les producteurs français pointent notamment leurs homologues néerlandais, accusés de ne pas respecter le protocole de reconnaissance de l'échalote établi en 2005 au niveau européen. Ce protocole prévoit que les échalotes traditionnelles se reproduisent de manière végétative, par la plantation de bulbes. Or, au mois de février dernier, comme le souligne le site La France agricole, un rapport, issu d'une expérimentation menée par le Géves (Groupe d'étude et de contrôle des variétés et des semences) sur deux ans, a apporté la preuve que les échalotes de semis, celles conçues en Hollande, sont en réalité des croisements échalotes- oignons.

"Gustativement, ces croisements sont plus proches de l'oignon avec un taux de matières sèches moins important de 4% par rapport à l'échalote traditionnelle, ce qui donne moins d'arôme", détaille Pierre Bihan-Poudec, président de la Section nationale. Ces semences, inscrites en tant qu'échalote traditionnelle dans le catalogue officielle néerlandais, se vendent ensuite partout dans le monde. Comme le note Le Figaro, elles ont même été vendues en Australie, et sous l'appellation "échalote française véritable" qui plus est.

L'hybride d'oignon, bien plus compétitif. L'enjeu est de taille pour les producteurs. "L'échalote traditionnelle a perdu entre 10 et 15% de parts de marché au cours des cinq dernières années face à la percée du produit hybride", a indiqué jeudi Pierre Bihan-Poudec, président de la Section nationale. Et pour cause : l'échalote traditionnelle nécessite 450 heures de travail par hectare contre 50 heures pour l'oignon hybride. Un temps de travail gagné qui se ressent sur la quantité produite et sur le prix, et donc sur la compétitivité.

Les producteurs veulent des garanties. Les producteurs d'échalotes français demandent aujourd'hui la radiation de tous les catalogues officiels des variétés ne répondant pas aux caractéristiques de l'échalote et réclament l'interdiction immédiate de vendre les bulbes de ces variétés sous le nom d'échalote pour "cause de tromperie du consommateur". Avec environ 40.000 tonnes récoltées chaque année, la Bretagne et le Val de Loire assurent 80% de la production nationale et près de 70% de la production européenne.