Cinq (bonnes) raisons de racheter le Nouvel Obs

D'un point de vu stratégique, le rachat du Nouvel Observateur par les propriétaires du Monde a de quoi faire sourire Xavier Niel.
D'un point de vu stratégique, le rachat du Nouvel Observateur par les propriétaires du Monde a de quoi faire sourire Xavier Niel. © REUTERS
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Damien Brunon , modifié à
LA BONNE AFFAIRE - Le trio Bergé-Niel-Pigasse, propriétaire du Monde, devrait prendre le contrôle d’un groupe Nouvel Observateur qui, pourtant, perd de l’argent.

L’INFO. Ils sont trois, ils ont de l’argent, mais ce n’est pas une raison pour le jeter par la fenêtre. Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse devraient devenir actionnaires majoritaires du Nouvel Observateur, un groupe qui est en déficit depuis plusieurs années. Le trio est déjà propriétaire du groupe Le Monde, qui a annoncé une perte de deux millions d’euros en 2013. Et même si les 13,4 millions d’euros estimés du rachat en font déjà une "bonne affaire", la fusion avec le Nouvel Observateur pourrait aussi être intéressante d’un point de vue stratégique. C'est d'ailleurs ce dernier point qui a fini de convaincre un Pierre Bergé pas emballé par l'affaire dans un premier temps.

>> Europe1.fr vous donne les cinq raisons qui ont pu pousser Bergé, Niel et Pigasse à sortir le chéquier.

1- Le Nouvel Observateur est un groupe solide. S'il connaît des difficultés depuis quelques années, l’hebdomadaire reste l’un des leaders dans le secteur du news magazine. Avec 500.000 exemplaires vendus chaque semaine, il domine le marché avec l’Express et jouit d’un chiffre d’affaire d’environ 80 millions d’euros par an. “Le Nouvel Observateur est une marque emblématique qui a une valeur parce qu’elle a un portefeuille d’abonnés fidèles”, confirme Jean-Clément Texier, spécialiste des médias, à Europe1.fr. Alors qu’il fêtera ses 50 ans en 2014, l’hebdomadaire peut en effet se targuer d’avoir 80% d’abonnés.

2 - Il n'y aura pas de concurrence frontale avec Le Monde. D’un côté, le groupe Le Monde est leader sur le marché du quotidien papier et numérique. Il comprend aussi plusieurs titres magazines thématiques reconnus : Télérama pour la culture, La Vie pour la religion, le Courrier International. De l’autre, le Nouvel Observateur apporte un news magazine puissant ainsi que Rue89, un site d’actualité faisant la part belle à la communauté de lecteurs. Plus que de la concurrence, les titres apporteront donc une plus grande diversité éditoriale. Même M, le magazine hebdomadaire généraliste du Monde, ne devrait pas poser de problème. “M et le Nouvel Observateur sont très différents. Le premier a renouvelé le genre alors que l’autre est une valeur sûre du secteur”, confirme Jean-Clément Texier.

3 - Les deux groupes ont la même culture...Le Monde et Le Nouvel Observateur sont réputés pour partager plus que les rayons des kiosques. “Intellectuellement, ils font partie de la même famille. On les classe politiquement au centre-gauche”, confirme l’expert. Les deux titres sont aussi connus pour leur indépendance vis-à-vis des puissants. “Ils ont été marqués par des personnes de grand charisme, le trio Bergé-Niel-Pigasse pour le Monde et le génie créatif du Claude Perdriel pour le Nouvel Observateur”, ajoute Jean-Clément Texier.

4 - … Et le même public. Le quotidien et l’hebdomadaire partagent aussi le même lectorat. Classés dans les CSP+, leurs fidèles se trouvent chez les cadres du privé, mais aussi dans la fonction publique, des publics intéressants pour les annonceurs. Une façon de convaincre plus facilement ces derniers à investir dans les titres du nouveau groupe potentiel. “Il y a des synergies industrielles et commerciales, soutient Patrick Eveno, spécialiste de l’économie des médias, au micro d’Europe 1. Un projet similaire avait d’ailleurs été monté au début des années 2000 lorsque Jean-Marie Colombani était à la tête du Monde”.

5 - C'est une évolution logique du paysage médiatique. La France compte aujourd’hui cinq news magazines généralistes : Le Nouvel Observateur, l’Express, Le Point, Les Inrocks et Valeurs Actuelles. En Allemagne, il y en a deux, aux Etats-Unis et en Angleterre, un seul. “Ils sont trop nombreux, affirme Jean-Claude Texier. Ils doivent se lancer dans des politiques de consolidation, soit en se rapprochant entre eux, soit en s’associant à d’autres groupes”. Les accords sont un moyen d’éviter de disparaître mais aussi de partager les investissement pour passer dans le monde du numérique. “Les groupes permettent d’amortir plus facilement les chocs de la crise, mais aussi des développements sur l’informatique, Internet et les tablettes. On multiplie les offres tout en ayant des logiciels moins chers”, ajoute Patrick Eveno.

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