Chômage : les seniors gonflent les chiffres

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Gabriel Vedrenne, Carole Ferry et Olivier Samain , modifié à
La réforme qui a repoussé l’âge de départ à la retraite les condamne à pointer à Pôle Emploi.

Un chiffre devrait être sur toutes les lèvres mardi : trois millions. Il s’agit du seuil symbolique qui devrait être franchi avec la publication des chiffres du chômage pour le mois d’août. L'exécutif, François Hollande en tête, a d'ailleurs déjà adopté ce chiffre dès le début du mois de septembre. La crise économique explique en grande partie cette forte hausse. Mais pas seulement : le poids des seniors, c'est-à-dire âgé de 50 à 64 ans, a sensiblement évolué.

Explications : en repoussant l’âge légal de départ à la retraite en 2003 et 2010, les gouvernements Raffarin et Fillon ont en effet prolongé de manière artificielle la vie active des plus de 60 ans. Résultat, il y a aujourd’hui un million de seniors actifs de plus qu’il y a six ans, selon les chiffres de l’Insee.

Mais sans emploi donc au chômage

Censés travailler quelques mois de plus qu’auparavant, les seniors se heurtent pourtant toujours aux mêmes problèmes : emplois rares et qualifications pas toujours adéquates. Ils sont alors conduits à frapper à la porte de Pôle Emploi, gonflant un peu plus les chiffres du chômage.

Sur le million de seniors actifs supplémentaires qu'a recensé l'Insee, 10% sont au chômage, soit 100.000 personnes. C’est donc l’excès inverse de la précédente dérive, qui consistait à favoriser les retraites anticipées pour limiter le chômage.

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Ainsi, Michel Tardivat serait déjà retraité si la réforme Woerth n’était pas passée par là. Mais il doit désormais travailler jusqu'en avril 2013, malgré ses 41 annuités de cotisation. "Si j’étais né six à sept mois plus tôt, aujourd’hui, je pourrais profiter avec mon épouse d’une retraite pour laquelle j’ai côtisé depuis l’âge de 18 ans, quand même", regrette cet ancien directeur financier licencié en 2009.

"Une situation presque dégradante"

"Au lieu de cela, je suis chômeur en fin de droit. C’est-à-dire que socialement, c’est une déconsidération considérable", témoigne Michel Tardivat. "C’est aussi quelque part presque humiliant alors que je ne suis simplement victime de ma date de naissance, si je peux dire. Donc je trouve que c’est effectivement une situation presque dégradante".

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"Au-delà de l’aspect financier, c’est aussi moralement déprimant", poursuit-il pour Europe 1. "Cela a été un coup de marteau quand les mois ont été votés : je m’attendais à ce qu’il y ait quand même soit des dérogations soit des aménagements. Faire neuf mois de plus alors que je ne suis pas en mesure de travailler, je trouve cela complètement aberrant", poursuit-il. En attendant de pouvoir  toucher sa retraite, Michel Tardivat n'a le droit à rien, mais il partage tout de même les 1.800 euros de pension de son épouse.

Pour Caroline Roux, l'objectif affiché par le gouvernement d'inverser la courbe du chômage en un an est "à la fois le poison et l'antidote" :