Automobile : les flottes d'entreprise peinent à se convertir à l'électrique

La Renault Zoé peine à s'imposer dans les flottes professionnelles.
La Renault Zoé peine à s'imposer dans les flottes professionnelles. © ERIC PIERMONT / AFP
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Malgré les avantages fiscaux, les véhicules électriques peinent encore à se faire une place dans les flottes d’entreprise, la faute à un coût d’usage élevé et une autonomie limitée.

Le Salon de l’automobile de Genève a ouvert ses portes au public jeudi. L’occasion pour les constructeurs de présenter leurs dernières nouveautés et cette année encore, les voitures électriques figurent en bonne place sur les stands des Renault, Volkswagen et autres Peugeot. De quoi attirer les conducteurs sensibles à l’environnement mais aussi les entreprises qui mettent à disposition des flottes de véhicules pour leurs collaborateurs (pour usage privé et professionnel). Un secteur où l’électrique a encore du mal à faire valoir ses arguments.

Un quart de voitures électriques dans les entreprises. En 2017, les véhicules d’entreprise (véhicules particuliers et véhicules utilitaires, répartition de 60/40) ont représenté 32% du total des immatriculations en France, soit un peu plus de 800.000 voitures, selon les chiffres de l’Observatoire du véhicule d’entreprise. Mais les flottes d’entreprise n’ont compté que pour 26% des ventes de voitures électriques (6.500 voitures sur un total de 25.000 écoulées). Proportionnellement, les sociétés achètent donc moins de voitures électriques que les particuliers. Résultat, seulement 1,5% des véhicules utilisés par les salariés français sont électriques. Loin, très loin du diesel (84,5%) et de l’essence (11,5%).

Coût d’usage élevé. Si les entreprises sont à la traîne sur l’électrique, c’est parce qu’elles raisonnent différemment des particuliers. Le premier critère reste le coût d’utilisation des véhicules. Or, celui-ci reste souvent plus élevé pour une voiture électrique que pour un diesel ou un essence. L’Observatoire du véhicule d’entreprise estime ainsi le coût de revient d’une Renault Zoé (le modèle électrique le plus vendu en France) à 0,419 euros par kilomètre, contre 0,387 euros pour une Clio essence et 0,385 euros en version diesel. Tous les coûts engagés pendant la durée de possession de la voiture sont pris en compte (prix d'achat, fiscalité, financement, valeur de revente, assurance, entretien…).

Dans son rapport annuel, l’Observatoire souligne que "la dépréciation de la Zoé reste supérieure à celle des modèles thermiques, le coût de l’énergie est impacté par la location de la batterie (plus de 4.700 euros sur 48 mois), l’infrastructure de recharge et le coût de la recharge elle-même". Le principal problème de la Zoé vient donc du coût de location de la batterie. Un handicap que ne subissent pas d’autres modèles, comme la Volkswagen e-Golf dont la batterie est incluse dans le prix de vente.

Autonomie trop faible. L’autre obstacle au développement des voitures électriques en entreprise, c’est l’autonomie. La Renault Zoé peut atteindre 300 kilomètres, selon les conditions de trajet : pas mal pour un particulier mais insuffisant pour un commercial qui passe ses journées sur la route. Derrière la petite citadine, la plupart des électriques affichent une autonomie réelle de 150 à 250 kilomètres, trop peu pour s’imposer massivement dans les flottes professionnelles. Pas mieux du côté des utilitaires : le Renault Kangoo ZE peut rouler sur 120 à 200 kilomètres.

Dans la même logique, le nombre toujours limité de bornes de rechargement freine l’électrisation des flottes d’entreprise. La France compte aujourd’hui plus de 20.000 bornes publiques, réparties sur quelque 6.000 stations, soit une borne pour six voitures électriques. Mais le rythme d’installation augmente rapidement : +57% en 2016, +31% en 2017. Et cela devrait aller encore plus vite dans les années à venir puisque l’État a fixé un objectif de 100.000 bornes pour la fin 2020.

Retard en cours de rattrapage. Progressivement, les flottes d’entreprise rattrapent tout de même leur retard en profitant de la fiscalité avantageuse. En effet, les véhicules électriques sont totalement exonérés de la taxe sur les véhicules de société (un forfait qui augmente avec les émissions de CO2), un argument forcément intéressant à l’heure de reconstituer son parc automobile. D’autant plus qu’ils bénéficient de bonus incitatifs : 6.000 euros à l’achat et 2.500 euros à la reconversion. Enfin, les entreprises ont la possibilité de déduire jusqu’à 30.000 euros d’amortissements pour un véhicule électrique et peuvent bénéficier d’une aide à hauteur de 40% sur l’installation d’une borne de recharge.

Concrètement, dans le cas de la e-Golf, l’Observatoire du véhicule d’entreprise précise que "le bonus à l’achat de 6.000 euros ramène le coût d’achat du véhicule à la hauteur des motorisations essence et diesel. De plus, les charges sociales et fiscales applicables à ce modèle sont inférieures de près de 37% à celles des motorisations essence et diesel". Des avantages que les entreprises utilisent de plus en plus : le nombre de véhicules électriques dans les flottes a augmenté de 44% l’an dernier.