Ascenseur social : le poids du facteur géographique

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AW avec AFP
Les enfants d’ouvriers ou d’employés ont plus de chances de bénéficier de l’ascenseur social en région parisienne que dans le Nord, pointe une étude.

Si l'on est issu d'un milieu modeste, mieux vaut être né à Paris que dans le Nord de la France. C’est ce qui ressort d’une étude de France Stratégiepubliée vendredi et qui montre que les chances d'ascension varient du simple au double selon le département de naissance des enfants d'ouvriers et d'employés.

Les régions championnes de l’ascension sociale. La "mobilité ascendante" - la mobilité vers le haut dans la hiérarchie sociale - atteint 47% à Paris selon cette analyse sur "La géographie de l'ascension sociale". Dans les générations récentes, 40% des jeunes actifs, enfants d'ouvriers ou d'employés, occupent des positions professionnelles moyennes ou supérieures.

En dehors de l'Ile-de-France, l'ascenseur social fonctionne bien en Bretagne, Aquitaine, Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes. Ces cinq régions concentrent l'essentiel des départements à fort taux de mobilité vers le haut.

Les régions à la traîne. L'ascenseur marche mal en Picardie, dans le Nord-Pas-de-Calais et le Poitou-Charentes. Seulement un peu plus d'un quart des enfants d'ouvriers et d'employés y ont connu une ascension sociale dans les générations les plus récentes.

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Et au niveau national ? Entre les générations de baby-boomers de 1950-1964 et les suivantes de 1965-1979, le taux de mobilité ascendante est passé de 25% à 33%. Tous les départements de naissance ont enregistré une augmentation, à l'exception de l'Hérault qui a stagné (-0,1 point).

L’éducation, un variable qui compte. Le niveau d'éducation se révèle une variable prépondérante au niveau local. Là encore, d'un département de naissance à l'autre, les taux de diplômés du supérieur varient du simple au double parmi les enfants d'ouvriers et d'employés.  La "massification" de l'enseignement supérieur depuis un quart de siècle n'a pas gommé les disparités géographiques, avec les mêmes effets quantitatifs dans les régions favorisées et défavorisées : hausse de 10 points de taux de diplômés associée à une hausse de 6 points des chances d'ascension sociale.

Le rattrapage de ces disparités ne semble pas avoir eu lieu pour les générations nées entre 1980 et 1990, avec des écarts de taux d'accès au supérieur de 15 points entre départements d'un bout à l'autre du spectre, relève l'étude.

Les politiques publiques, un levier. "Ces premiers résultats soulignent le rôle que peuvent jouer les politiques publiques pour compenser les écarts liés au lieu de naissance", relève France Stratégie qui préconise des pistes pour améliorer l'accès au supérieur, comme une aide à la mobilité géographique ou des académies décloisonnées.