Vers une nouvelle aide à la Grèce ?

Le produit intérieur brut (PIB) grec a diminué de 4,6% en rythme annuel au deuxième trimestre, une contraction inférieure aux attentes, montre la première estimation publiée lundi par Elstat, l'office national des statistiques.
Le produit intérieur brut (PIB) grec a diminué de 4,6% en rythme annuel au deuxième trimestre, une contraction inférieure aux attentes, montre la première estimation publiée lundi par Elstat, l'office national des statistiques. © Reuters
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Malgré des chiffres encourageants, une nouvelle tranche est "nécessaire", selon une note secrète de la Bundesbank.

Des chiffres encourageants. La Grèce est-elle en passe de sortir du marasme ? Le Produit intérieur brut (PIB) a certes reculé de 4,6% au deuxième trimestre 2013, mais c'est moins qu'au premier trimestre (- 5,6%), et que ce que redoutaient les experts (environ - 5%). "La récession va encore ralentir au troisième trimestre, grâce au tourisme", anticipe même Dimitris Maroulis, économiste chez Alpha Bank. De quoi donner le sourire au gouvernement, qui a bon espoir de renouer avec la reprise en 2014.

D'autant que le PIB n'est pas le seul indicateur à laisser croire en un avenir moins rude : le budget du gouvernement central, (qui ne comprend pas le service de la dette et les dépenses des localités locales et des caisses de retraites) "a atteint un excédent primaire de 2,6 milliards d'euros, entre janvier et juillet 2013", a indiqué lundi le  ministre adjoint aux Finances, Christos Staïkouras. "De bons résultats qui montrent la tendance de l'amélioration des finances publiques", se réjouit-il.

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La "note" qui assombrit le ciel d'Athènes.  D'après une "note interne" publiée par le journal allemand Der Spiegel dimanche, la Banque centrale allemande estime déjà "nécessaire" un nouveau plan d'aide à la Grèce, alors que toutes celles accordées jusque là devait durer jusqu'à fin 2014 (la dernière tranche, de 4 milliards d'euros, n'a été versée que le 31 juillet dernier). Les experts de la Bundesbank, selon cette note présentée comme étant réservée au ministère des Finances et au FMI, estiment par ailleurs que les risques de ce plan seraient "exceptionnellement hauts" et qualifient la performance du gouvernement grec "d'à peine satisfaisante." Les auteurs du document expriment, enfin, de "sérieux doutes" quant à la capacité de l'exécutif à réaliser des réformes essentielles.

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Une attaque contre Merkel ? Ce "document interne" publié par Der Spiegel est toutefois loin de faire l'unanimité. Martin Kotthaus, le porte-parole du Ministère des Finances allemand, assure ainsi qu'il n'a jamais eu connaissance d'une telle note. "Le dernier rapport de la Troïka montre que la Grèce fait d'importants progrès du point de vue des réformes. Comme vous le savez, le programme actuel (d'aide) court jusqu'en 2014, donc je ne vois pas comment on peut spéculer aujourd'hui sur ce qu'il adviendra en 2014", a-t-il insisté. Il s'agirait même, selon lui, d'une tentative de l'opposition allemande pour déstabiliser la chancelière Angela Merkel, avant les élections du mois de septembre.

Merkel Bandeau

© REUTERS/Tobias Schwarz

Athènes a même reçu le soutien du ministre de l’Économie, Philipp Rösler, chef de file des libéraux du FDP, dont le parti affiche habituellement une position plus dure que celle de la chancelière sur l'aide aux pays de la zone euro. "La Grèce va incontestablement dans la bonne direction. Je voudrais savoir ce qu'il adviendrait en Allemagne si il nous était demandé de mener autant de réformes", a lancé Philipp Rösler lundi, ajoutant que pour le moment, une aide supplémentaire à Athènes "n'était pas nécessaire".

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Il manque de l'argent… Il n'empêche, la Grèce ne devrait pas tenir très longtemps. Comme le souligne Le Monde, Athènes a en effet déjà utilisé 90 % des quelque 240 milliards d'euros d'aides que lui ont versé l'Union européenne et le FMI depuis le début de la crise. Selon le FMI, il manquerait 4,4 milliards d'euros en 2014 et 6,5 milliards en 2015 pour que la Grèce puisse tenir ses obligations. Et mi-juillet, le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schaüble, en déplacement à Athènes, avait même reconnu qu'une nouvelle aide pourrait bien être envisagée fin 2014. La condition ? Que le budget du gouvernement devienne excédentaire. Et c'est précisément ce que vient d'annoncer Athènes lundi.

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… Et bientôt de prêteurs ? Reste à savoir qui acceptera encore de prêter. Car si Athènes avait besoin d'une nouvelle aide, rien ne dit que ses partenaires lui accorderaient. Le 31 juillet dernier, 11 pays d'Amérique latine, dont le Brésil, se sont même officiellement opposés au versement d'une nouvelle tranche (via le FMI), arguant que le risque de non remboursement était élevé. "Les développements récents en Grèce confirment nos pires craintes", avait déclaré Paulo Nogueira Batista, représentant du Brésil. Et d'asséner : "la mise en place du programme de réformes a été décevante dans presque tous les domaines".