Vente de Rafale au Qatar, mauvaise nouvelle pour Air France

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et Anne-Laure Jumet , modifié à
CONTREPARTIES - L’émirat devait obtenir des avantages pour sa compagnie aérienne Qatar Airways. Pas vraiment une bonne nouvelle pour Air France.

François Hollande est arrivé lundi au Qatar pour la signature du contrat Rafale. Dassault Aviation doit en effet fournir 24 avions à l’émirat, ce qui devrait rapporter 6,3 milliards d’euros et permettre de créer 3.000 emplois en France. Mais cette vente risque de faire un perdant, pourtant déjà mal en point : Air France, qui risque de pâtir des contreparties obtenues par le Qatar. En effet, l’émirat aurait décroché de Paris de pouvoir faire atterrir les avions de sa compagnie dans de nouveaux aéroports français.

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Le contrat Rafale, une négociation pas seulement militaire. Transfert de technologies, pièces détachées à prix réduit, alliances militaires, etc. : les contrats d’armements incluent souvent de nombreuses clauses, négociées des mois durant et qui permettent de faire pencher la balance. En échange de l’achat de 24 Rafale, le Qatar a donc lui aussi demandé à la France quelques avantages, mais qui cette fois n’ont rien à voir avec la Défense.

L’émir du Qatar aurait en effet demandé à l’Elysée un coup de pouce en faveur de sa compagnie aérienne, Qatar Airways. Cette dernière ne dessert actuellement qu’une seule ville française, Paris via Roissy Charles de Gaulle, et aimerait bien monter en puissance. Sauf que l’obtention de nouvelles places dans un aéroport, des "slots" en langage aéronautique, est très compliquée, surtout dans un pays comme la France où les aéroports les plus fréquentés fonctionnent déjà à flux tendu. Le Qatar aurait donc obtenu de Paris d’obtenir de nouvelles places en échange de l’achat de 24 Rafales.

Qatar Airways bientôt à Nice et Lyon. Même si cela reste à confirmer, la compagnie aérienne qatarie devrait a priori pouvoir bientôt faire atterrir ses avions dans deux nouvelles villes : Nice et Lyon, respectivement les troisième et quatrième aéroports français les plus fréquentés. Les négociations ne portent pas sur des liaisons quotidiennes mais Qatar Airways pourrait proposer plusieurs vols par semaine. Le Monde évoque lundi trois dessertes par semaine.

Ce n’est pas la première fois que le Qatar tente de renforcer sa présence dans l’Hexagone : en 2013, le Premier ministre qatari avait formulé une demande similaire après avoir commandé plusieurs Airbus. Le gouvernement Ayrault avait refusé d’y répondre favorablement, suscitant le courroux du Qatar, qui estimait que ses achats en France permettaient le maintien de l’emploi. Finalement, sa patience a payé.

Ce développement de Qatar Airways dans l’Hexagone risque en revanche de faire un perdant, déjà mal en point : Air France. La compagnie tricolore perd de l’argent depuis 2008 et multiplie les plans de restructuration pour réaliser des économies. L’arrivée de Qatar Airways sur sa chasse gardée n’est donc pas une bonne nouvelle, d’autant qu’Air France veut justement monter en gamme pour affronter les luxueuses "Business Class"… des compagnies aériennes du Golfe. Ce que la France gagne d’un côté, elle risque donc de le perdre par ailleurs.

Hollande réfute toute "contreparties". Interrogé sur ce dossier, le président de la République a réfuté toutes "contreparties" à la vente de 24 Rafales. Mais une mise à jour des droits de trafic aérien est bien en préparation, qui pourrait permettre à plusieurs compagnies de desservir davantage le territoire français, dont Qatar Airways. "Il y a des discussions qui sont engagées dans d'autres domaines avec le Qatar, avec d'autres pays pour l'attribution de lignes aériennes, mais ce contrat n'a pas fait l'objet de négociations sur d'autres sujets que l'avion Rafale et des matériels qui doivent l'équiper", a souligné François Hollande depuis Doha.

"Je pense à l'aéroport de Nice, de Lyon, mais ça n'a pas de rapport avec ce que nous faisons ici. Mais il est assez légitime que nous ayons des discussions, des négociations pour que des lignes aériennes puissent être ouvertes en faveur de pays qui permettent aussi d'acheminer un grand nombre de touristes, et nul doute que les villes de Nice et de Lyon sont particulièrement demandeuses de ce type d'attributions", a précisé le président de la République.

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