Quelle réaction attendre des marchés en cas de victoire de François Hollande ?

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www.boursier.com , modifié à
Certains analystes craignent le pire alors que d'autres estiment que le scénario catastrophe est exagéré...!

Comment réagiront les marchés si François Hollande est élu président le 6 mai prochain ? A 9 jours du premier tour de l'élection, certains analystes financiers, ainsi que le camp de Nicolas Sarkozy, agitent le drapeau rouge, en prévoyant le pire sous la forme d'une flambée des taux et d'un plongeon de la Bourse, accompagné d'un exode massif de capitaux fuyant la pression fiscale accrue... A l'inverse, d'autres experts estiment que les craintes vis-à-vis de l'élection du candidat socialiste sont "largement exagérées", au-delà de la rhétorique parfois "anti-marchés" de François Hollande... Les critiques de François Hollande fondent ainsi leurs arguments sur les déclarations les plus spectaculaires du candidat du PS : outre son inexpérience du pouvoir, ils fustigent son intention de renégocier le traité européen de discipline budgétaire (au risque de rompre le couple franco-allemand), sa haine des finances ("l'ennemi" à combattre), et sa prodigalité supposée en matière de dépenses publiques (projet de 60.000 emplois redéployés dans l'éducation publique)... Marc Fiorentino, ancien trader et actuel patron de Monfinancier.com, prévoit ainsi sur son blog, qu'en cas de victoire de François Hollande, dès le lundi 7 mai, "la France sera attaquée... Et mise à genoux. Dans la City et dans les plus grands hedge funds américains, c'est la veillée d'armes. On se prépare !"... De son côté, l'économiste Philippe Dessertine, directeur de l'Institut de haute finance, a estimé mardi 10 avril sur 'France 3' qu'il existait "des risques concrets de spéculation (...), parce que la France n'est pas claire sur la gestion future de sa dette". Et de fait, Eurex, le marché allemand des dérivés, se prépare à toute éventualité, avec l'annonce récente du lancement, le 16 avril (à 6 jours du premier tour), d'un nouveau contrat à terme, Eurex OAT, qui permettra de parier sur les mouvements (à la hausse comme à la baisse) des obligations d'Etat françaises... De quoi offrir une possibilité accrue aux spéculateurs de parier sur une dégradation de la qualité du crédit de la France, en sachant que les "traders" disposent déjà d'autres instruments, comme les CDS ("crédit default swaps"), pour ce faire... En revanche, l'hebdomadaire britannique très influent, 'The Economist', a renvoyé début avril dos à dos Nicolas Sarkozy et François Hollande, en estimant que ni l'un ni l'autre ne mettait assez en avant la réduction des dépenses publiques en France, et qu'ils plaçaient ainsi le pays dans le "déni" de la crise actuelle... Dans de telles conditions, le danger d'une attaque spéculative sur la dette française serait tout aussi important, quelle que soit l'identité du prochain président ! De son côté, le chef économiste d'Unicredit, Erik Nielsen, se veut plutôt rassurant. Cité par 'La Tribune', il estime que les alternances politiques en Europe n'ont pas fait dérailler jusqu'ici la construction européenne, et qu'il "est peu probable que cela change, quel que soit le résultat de la présidentielle française". François Hollande ne semble donc pas (ou plus) faire peur aux économistes étrangers. Ceux-ci se montrent en majorité sereins face à sa possible élection, même si certains envisagent tout de même une courte période de turbulences sur les marchés. Au final, sur les grands dossiers, ils s'attendent à ce que M. Hollande poursuive dans la voie de la discipline budgétaire, sous la surveillance de ses pairs européens et des marchés... Concernant la dette, ils notent que M. Hollande s'est toujours engagé à respecter les engagements de la France, et sur la "renégociation" du traité européen, les experts saluent le léger infléchissement de son vocabulaire... François Hollande ne parle plus de renégocier mais de "compléter" le traité, notamment par la création d'Euro-obligations, en accordant un rôle accru de la BCE et en adoptant des mesures en faveur d'une stimulation de la croissance en Europe. Cette initiative de croissance commence d'ailleurs à attirer de plus en plus d'adeptes : même le très libéral 'Financial Times' a appelé mardi de ses voeux "un agenda de croissance pour la zone Euro", et jugé "encourageant" l'appel de François Hollande en ce sens !