Que reste-t-il du "made in France" ?

Il est devenu quasiment impossible de fabriquer l'intégralité d'un produit en France.
Il est devenu quasiment impossible de fabriquer l'intégralité d'un produit en France. © Reuters
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Frédéric Frangeul et Mélanie Taravant , modifié à
LA POLEMIQUE DU JOUR - Il n’y a quasiment plus aucun produit fabriqué de A à Z en France.

"Le made in France"  peut-il vraiment sauver le pays ? La question se pose à l’heure où certains responsables politiques, à l’instar de François Bayrou, veulent encourager les achats "100% français",  pour relancer l'économie. Mais, au risque de casser le mythe, il faut bien constater que le "made in France" n’existe quasiment plus. En tout cas, pas comme on pourrait l'imaginer, avec des produits fabriqués de A à Z dans l'Hexagone.

Plus grave encore, presque tout le monde peut se targuer de fabriquer français. Car, si des règles existent, elles demeurent très floues. Ainsi, un produit qui subit sa dernière transformation en France, est considéré comme un produit français. En conséquence, une table fabriquée en Suède, mais vernie en France devient une table "made in France". Pour éviter ce genre d'abus, un label, un peu plus sélectif, a été créé il y a quelques mois. Baptisé "Origine France Garantie", il impose que le produit soit au moins moitié français.

 Fabriquer français n'est pas facile

Mais fabriquer français n’est pas non plus chose simple. D’abord parce que cela coûte en moyenne 25% plus cher  qu'en Asie. Ensuite parce que, même quand les entreprises font l'effort de relocaliser, cela concerne généralement des produits très spécifiques.

C’est le cas par exemple de l’entreprise Veloscoot qui fabrique des vélos électrique en Poitou-Charente. En pleine croissance, cette enseigne vient de rapatrier de Chine ses ateliers d'assemblage. Et pourtant,  son vélo est loin d'être 100% français. "On ne pourra jamais tout faire en France. Sur un produit comme le vélo, il y a des incontournables pour des questions de prix", explique à Europe 1 Sébastien Beujain, le fondateur de Veloscoot. Et celui-ci de citer en exemple le cas du célèbre dérailleur Shimano, de marque japonaise, leader mondial de la transmission de vélo : "il n’y a aucun intérêt à fabriquer en France ce type de dérailleur".

"On ne pourra jamais tout faire en France" :

Les entreprise qui produisent uniquement "français" sont rarissimes

En conséquence, même nos fleurons nationaux, à l’image de Renault, ne vendent pas que du "made in France". Le constructeur fabrique deux voitures sur trois du groupe à l'étranger. 
 
Malgré cela, il reste d'irréductibles entreprises gauloises. Mais c'est souvent un engagement militant comme  pour Claude Marquet qui fabrique les pantoufles "Quartem", installées depuis 88 ans dans le Périgord. "Je ne vous dis pas que je vis bien. Je vis très mal mais je me battrai jusqu’à ma dernière goutte de sang", soutient-t-il au micro d’Europe 1. "Je me vois mal me barrer en Asie sous prétexte que je vais gagner plus d’argent", ajoute-t-il.

"Je me battrai jusqu'à ma dernière goutte de sang" :

Les Français ne sont pas patriotes en matière économique

Reste que, à en croire les sondages, les Français ne sont pas très patriotes en matière économique. Un récent sondage de l’Ifop indique même que c’est loin d’être leur priorité. Quand on leur demande ce qui compte le plus dans un achat, ils sont plus de deux sur trois à privilégier le prix. "Avec la crise économique qui se profile, les gens iront vers les produits pas chers et non pas vers des prduits made in France", abonde Jean-Noel Kapferer, specialiste des marques.