Mondial 2022 au Qatar : Vinci accusé de travail forcé

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Emmanuel Duteil et Noémi Marois , modifié à
EMPLOI - Selon l'ONG Sherpa, le groupe de BTP français pratiquerait le travail forcé dans des conditions déplorables sur les chantiers du Mondial au Qatar.

Vinci est mis sur le banc des accusés par Sherpa. L'ONG qui défend les victimes de crimes économiques a déposé plainte auprès du tribunal de Nanterre lundi contre le géant français du BTP. Sherpa soupçonne Vinci de pratiquer le travail forcé et la réduction en servitude au Qatar, sur ses chantiers de construction du Mondial de 2022. Si ce n'est pas la première fois que les conditions de travail dans ce pays sont pointées du doigt, c'est la première fois qu'une plainte est déposée sur de tels fondements contre une multinationale.  

66 heures de travail hebdomadaires. Les salariés employés au Qatar, souvent originaires d'Inde, du Népal ou du Pakistan, travailleraient 66 heures par semaine, avec un seul jour de repos hebdomadaire. Un travailleur indien rapporte au Parisien "12 heures de travail par jour, auxquelles il faut ajouter deux heures de transport quotidien", payée 500 euros par mois.

Passeports "confisqués". Leurs passeports seraient également confisqués. Un salarié de Vinci Construction ne pourrait ainsi pas changer d'employeur sans l'accord de son patron. Un employé indien le confie au Parisien : "nous sommes privés de passeport, donc de liberté". Et quand il a voulu récupérer son passeport pour rentrer en Inde lors de la naissance de sa fille, il a dû batailler. Selon lui, Vinci Construction avait peur de le voir signer chez un concurrent. 

Vinci porte plainte pour diffamation. Contacté par Europe 1, Vinci réfute ce qui lui est reproché en prétendant respecter le droit du travail local. Ses collaborateurs auraient accès librement à leurs passeports depuis janvier 2015, avance le patron de la filiale qatarienne de Vinci dans Le Parisien. Si ce n'était pas le cas avant, c'était seulement pour des raisons de sécurité, des vols pouvant avoir lieu entre salariés dans les dortoirs. 

La justice française doit désormais décider si une enquête sera ouverte ou si la plainte sera classée sans suite. Vinci a par ailleurs décidé de "porter plainte pour diffamation".

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