"Moins de rigueur" pour doper l'emploi

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Thomas Morel avec Michel Grossiord , modifié à
LE POINT DE VUE DE - L'économiste Mathieu Plane s’inquiète de la politique du gouvernement.

La courbe du chômage, c'est comme "un navire lancé à pleine vitesse". Voilà pour la métaphore filée par le ministre du Travail, Michel Sapin, dès mercredi matin. Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a connu en septembre la plus forte augmentation enregistrée depuis avril 2009, avec 46.900 chômeurs de plus en un mois (+1,6%), soit 3,057 millions de personnes en métropole. Et pour l'avenir ? Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, reste très inquiet. Il s'en est expliqué au micro d'Europe 1.

>> LE CHIFFRE - La plus forte hausse depuis 3 ans

A quel horizon peut-on espérer "du mieux" ? Pour le moment, on ne peut pas le savoir. Ce qui est sûr, c’est que pour 2013, cela risque encore de s’aggraver. Aujourd’hui, la croissance est nulle, et pour les trimestres à venir elle pourrait même devenir négative. Or sans croissance, impossible de créer des emplois. La seule solution pour inverser la courbe du chômage, c’est de renouer avec la croissance et l’activité, et pour ça, il faut moins de rigueur.
 

Et les mesures gouvernementales (emplois aidés, contrats de génération et emplois d’avenir), ça peut aider ? Oui, cela aura un effet positif. Ça va permettre à des jeunes d’accéder à l’emploi. Le problème, c’est que ces mesures ne permettent pas d’inverser une tendance de fond, mais seulement d’absorber une partie de la hausse du chômage. Il ne faut pas oublier que le moteur déterminant pour créer du travail, c’est avant tout la croissance. Forcément, si l’on n’en a pas, on ne peut pas espérer faire redémarrer l’emploi.

Ces politiques publiques sont une bonne chose, mais elles permettent seulement d’absorber la hausse du chômage. Tant qu’on aura une politique budgétaire extrêmement restrictive et la volonté de réduire très rapidement les déficits publics – n’oublions pas que 36 milliards d’euros d’économies sont prévues en 2013 –, on ne peut pas espérer renouer avec une croissance forte.