Mediator : Inquiétude des parties civiles à la veille du procès Servier

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www.boursier.com , modifié à
Jacques Servier est poursuivi pour tromperie aggravée...

C'est mardi que le procès des laboratoires Servier et de leur président-fondateur Jacques Servier doit s'ouvrir mardi à Nanterre, pour "tromperie aggravée" dans l'affaire du Mediator. Mais à peine démarré, la défense et certaines parties civiles demandant son annulation ou son report. Saisi de citations directes, le tribunal correctionnel de Nanterre doit en effet juger cette affaire alors qu'une instruction est en cours au Tribunal de grande instance de Paris. Face à cette situation inédite, la défense, qui avait obtenu le renvoi du procès en mai 2012, soulèvera mardi des questions de procédure et demandera soit l'annulation des citations directes, soit un complément d'information. "Les citations directes étaient très opportunes avant qu'une instruction soit ouverte, mais dès lors qu'elle l'est, je vois mal comment on peut envisager de juger cette affaire sur citation directe", a expliqué à Reuters Me Hervé Temime, avocat de Jacques Servier et des laboratoires du même nom."On ne peut pas accepter, alors qu'on est mis en examen, d'être jugé avant la clôture de l'information", a-t-il ajouté. "De la haute voltige" Les parties civiles sont divisées sur la question. Celles qui sont à l'origine des citations directes espèrent la tenue du procès tandis que d'autres entendent demander un sursis à statuer tant que l'instruction parisienne n'est pas close. C'est le cas de Me Jean-Christophe Coubris, qui représente 40 victimes dans la procédure de Nanterre. "Il ne faudrait pas que mon message soit mal interprété", dit-il. "L'objectif, c'est de faire condamner Servier, mais dans de bonnes conditions", ajoute-t-il, soulignant que le nombre de plaignants est beaucoup plus important à Paris qu'à Nanterre (environ 3.300 contre 700). "Se passer d'une instruction sur une situation aussi gravissime, cela me paraît de la haute voltige." L'instruction parisienne, dans le cadre de laquelle Jacques Servier est poursuivi pour "tromperie sur la qualité substantielle d'un produit, escroquerie et obtention indue d'autorisation", devrait être réglée à l'automne, selon le parquet. Nouvelle expertise De nouvelles mises en examen, parmi lesquelles celles du numéro deux des laboratoires Servier, de leur ancien pharmacien, ou encore de deux anciens salariés de l'Agence de sécurité du médicament et des produits de santé ont récemment été prononcées. Le parquet de Paris a par ailleurs communiqué les premiers éléments d'une nouvelle expertise, sur laquelle les parties peuvent faire valoir des observations jusqu'à la mi-juin. La défense, ainsi que certaines parties civiles, aimeraient la voir versée à la procédure de Nanterre une fois finalisée. Le tribunal pourra se prononcer mardi sur les différentes questions de procédure soulevées, ou joindre sa décision au fond. Le Mediator, qui a été retiré du marché en 2010, après plus de vingt ans de commercialisation, provoquait des valvulopathies et de l'hypertension artérielle pulmonaire, selon plusieurs études. Les laboratoires Servier, qui ont commercialisé le Mediator, sont soupçonnés d'avoir dissimulé la vraie nature du médicament, un coupe-faim présenté comme antidiabétique. Ce médicament pourrait être responsable de 220 à 300 décès à court terme et 1.300 à 1.800 à long terme, selon la plus récente expertise.