Medef : Parisot ne rempilera pas

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Thomas Morel avec agences , modifié à
Le Comité exécutif de l'organisation patronale s'est prononcé jeudi contre la réforme des statuts.

L'info. Laurence Parisot ne pourra briguer un troisième mandat. Le conseil exécutif du Medef, qui se réunissait jeudi matin, a rejeté les changements de statuts demandés par la patronne des patrons pour pouvoir se représenter. "La modification statutaire est rejetée, il n'y aura pas de convocation d'assemblée générale extraordinaire. Laurence a très bien pris la nouvelle, elle s'y préparait. C'est très serré, mais c'est la démocratie de notre conseil d'exécutif", a déclaré Charles Beigbeder, membre de cette instance, au micro d'Europe 1.

Un vote extrêmement serré. Sur les 45 membres du conseil exécutif, 22 voix ont approuvé la modification des statuts, 22 se sont prononcés contre et une personne a voté blanc. Faute de majorité, l'Assemblée générale de l'organisation patronale ne se réunira pas.

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La conséquence. Laurence Parisot, qui a pris la tête du mouvement en 2005, devra quitter son poste le premier juillet prochain. Car le règlement du Medef prévoit que le président est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois pour trois ans.

Laurence Parisot, "garante de la campagne". Peu après les résultats, la patronne du Medef a reconnu sa défaite devant la presse."Cette réforme aurait marqué un progrès de démocratie interne, (elle) aurait permis de mettre un terme définitif à des logiques de cooptation ou de renouvellement empêchés, négociés dans le secret ou sous les pressions", a-t-elle déclaré, avant de se présenter comme "la garante de la bonne tenue de la campagne".

Ce que demandait Laurence Parisot. Afin de conserver sa place, elle avait donc demandé à ce que les statuts soient changés : la nouvelle règle du jeu aurait permis des renouvellements de cinq ans, sans autre limite que l'âge, 67 ans au maximum.

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Contestée en interne. Depuis l'annonce de la réforme, le 15 janvier dernier, les rangs des opposants à la présidente du Medef n'ont cessé de grossir. Laurence Parisot, alors auréolée du succès des accords sur l'emploi signé quatre jours plus tôt, considérait qu'il était capital qu'elle conserve la barre du navire, en pleine tempête économique.

La manœuvre avait suscité immédiatement une levée de boucliers. Jean-Claude Volot, ancien médiateur de la sous-traitance et candidat déclaré à la présidence du Medef, avait ainsi dénoncé un "coup d'Etat", avant d'être rejoint par d'autres grands patrons, comme Ernest-Antoine Sellière (prédécesseur de Laurence Parisot), Pierre Gattaz, président de la fédération des industries électroniques et plus récemment Geoffroy Roux de Bézieux, patron de Virgin Mobile

En dépit de ces oppositions, la patronne des patrons n'a jamais reculé, et a même obtenu une victoire le 18 mars, lorsque le comité statutaire du Medef a accepté de ne plus limiter le nombre de mandats du président.

Des proches font défection. Mais plus le temps passait et plus ses soutiens s'amenuisaient. Le 21 mars, l'UIMM, toute-puissante fédération de la métallurgie (elle représente près d'un tiers des membres de l'assemblée générale), s'est déclaré contre le choix de Laurence Parisot. Elle a ensuite perdu le soutien de Charles Beigbeder, un de ses proches, qui a jugé "injuste" le changement de règles. Avant que Patrick Bernasconi, considéré comme son dauphin au Medef, ne se déclare lui aussi contre la réforme. Des personnalités de poids qui à l'heure du vote, on fait penché la balance en sa défaveur.