LFoundry : trois mois de sursis mais "pas d'argent"

Le 23 décembre, les salariés de l'entreprise avaient manifesté leur colère.
Le 23 décembre, les salariés de l'entreprise avaient manifesté leur colère. © Max PPP
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Charles Carrasco avec Yann Terrou, correspondant à Marseille et AFP , modifié à
Le gouvernement a arraché un délai de 3 mois pour l'entreprise placée en liquidation judiciaire. Mais les syndicats dénoncent l'absence de financement de ce délai.

L'INFO. Le fabricant de semi-conducteurs LFoundry, qui emploie 613 salariés dans les Bouches-du-Rhône, a été placé jeudi après-midi en liquidation judiciaire avec cessation immédiate d'activité. Un coup dur pour les salariés. Le ministère du Redressement productif a toutefois annoncé jeudi soir avoir obtenu un délai de trois mois qui doit servir à évaluer la crédibilité d'une offre de reprise de l'outil industriel. Mais le financement de ce délai supplémentaire pose problème et les syndicats en en ont donc appelé dès vendredi à l'Etat.

Un appel à l'Etat. Les syndicats de LFoundry ont lancé vendredi, à l'issue d'un comité d'entreprise, un appel à l'Etat, déplorant l'absence de financement du délai supplémentaire de trois mois accordé à l'entreprise de semi-conducteurs, placée en liquidation judiciaire. Le ministre du Redressement productif "Arnaud Montebourg s'est vanté d'avoir obtenu un sursis, mais il y a un problème de financement et là-dessus le gouvernement n'a rien proposé", a déclaré Alain Botel, délégué Sud de cette société. "L'Etat s'est engagé, il faut qu'il respecte ses engagements ou alors c'était juste un effet d'annonce pour redorer son blason", a-t-il ajouté après avoir rencontré le liquidateur Me Stéphane Gorrias. Même inquiétude du côté de la CFDT. "Nous n'avons pas d'argent pour tenir trois mois. Il nous faudrait 4,5 millions pour maintenir l'usine en sommeil, et on n'en a qu'un", détaille le représentant syndical Jean-Yves Guerrini, qui évoque "un gâchis industriel". Un prochain comité d'entreprise se tiendra le 6 janvier pour désigner les salariés chargés d'entretenir le site (entre 17 et 40 personnes, selon M. Guerrini) dans l'attente d'un éventuel repreneur. 

Un délai supplémentaire de trois mois. Jeudi après-midi, le tribunal de commerce de Paris avait prononcé la liquidation judiciaire "sans maintien d'activité". Les salariés ont fait part de leur colère après cette annonce. Mais jeudi soir, le gouvernement a arraché un délai supplémentaire de trois mois qui doit servir à évaluer la crédibilité d'une offre de reprise de l'outil industriel. "En accord avec le liquidateur nommé ce jour, une cellule sera mise en place pour gérer l'avenir de l'entreprise et en préserver de façon temporaire les actifs", a souligné le ministère du Redressement productif dans un communiqué.

Le délai de trois mois obtenu devra être mis à profit pour confirmer la manifestation d'intérêt présentée le 19 décembre dernier en séance au tribunal par une entreprise californienne de micro-électronique, a souligné le ministère. Cette annonce du ministère a été qualifiée de "lueur d'espoir" par la CFDT jeudi soir. "Le fait que l'entreprise ne ferme pas encore est une lueur d'espoir, une bonne base, même si nous ne sautons pas de joie car nous serons au chômage très bientôt", a déclaré à Michel Millo, délégué CFDT.

usine LFoundry 930

© Max PPP

Des difficultés financières anciennes. L'usine de Rousset, créée en 1985, n'a cessé d'accumuler les difficultés depuis le rachat en 2010 par le groupe allemand LFoundry. Une information judiciaire a d'ailleurs été ouverte en octobre par le parquet de Paris pour abus de biens sociaux après la disparition de 20 millions d'euros des comptes de la société : le comité d'entreprise et la CFDT, à l'origine de la plainte, estiment que l'argent a été transféré de façon irrégulière vers le groupe allemand en détresse financière.

Les salariés considèrent en outre que l'ancien propriétaire Atmel n'a pas rempli ses obligations, ses commandes devant courir jusqu'en 2014. A l'inverse, ces commandes ont été accélérées et terminées en 2013 à la demande du propriétaire allemand. Atmel, de son côté, juge avoir rempli ses obligations contractuelles.

Les personnels se retrouveront vendredi pour une assemblée générale, avant un comité d'entreprise, aux côtés du liquidateur Me Stéphane Gorrias.