Grèce : zizanie européenne

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Pour Jean-Claude Trichet les négociations sur la Grèce se finiront "bientôt et bien", malgré les désaccords.

La Grèce a promis lundi de nouvelles mesures pour purger ses finances en contrepartie de l'aide de l'UE et du FMI, tandis que les principaux dirigeants européens ont tenté de mettre une sourdine à leurs dissensions qui ont continué d'alimenter la défiance des marchés. Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a déclaré lundi soir que les négociations sur la Grèce se finiront "bientôt et bien".

9 milliards d'euros le 19 mai

Reflétant la crainte des marchés que le plan d'aide ne tombe à l'eau du fait de l'intransigeance allemande, les taux des obligations grecques à 10 ans ont battu un nouveau record, dépassant les 9% pour la première fois depuis 2001. Or, le temps presse car la Grèce doit honorer le 19 mai une dette de 9 milliards d'euros, et les conditions d'emprunt sur le marché sont "prohibitives", a prévenu le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou.

Soucieuse de ramener le calme sur les marchés, l'Allemagne, dont l'Italie a critiqué lundi la "rigidité", a infléchi sa position. "Je le dis très clairement, l'Allemagne va aider (la Grèce), si les conditions sont remplies", a déclaré la chancelière Angela Merkel, qui s'est dite "confiante" dans la capacité de la Grèce à les satisfaire. Il y va de "la stabilité de l'euro" et c'est donc "dans notre propre intérêt", a-t-elle ajouté.

Une crise au Portugal ?

Pénalisé par les incertitudes persistantes sur la mise en place du plan d'aide à la Grèce et le risque d'effet domino au sein de la zone euro, la monnaie unique poursuivait en effet sa baisse, à 1,3333 dollar lundi soir. Les taux des obligations portugaises se sont à leur tour envolés, faisant craindre une contagion de la crise grecque au Portugal, présenté comme le deuxième maillon faible de la zone euro.

Au nom également de la stabilité de la zone euro, la France, qui s'est montrée depuis le départ plus disposée à aider la Grèce, a une nouvelle fois appelé à une mise en oeuvre rapide du plan. Lundi après-midi, Christine Lagarde, ministre de l'Economie, a exclu catégoriquement l'option d'un mécanisme de défaut de paiement organisé pour la Grèce. "La restructuration (de la dette) est hors de question", a dit la ministre française, martelant qu'"il y a une grande détermination et une grande motivation pour redresser la situation".

Nicolas Sarkozy, de concert avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, a jugé nécessaire "une action rapide et résolue contre la spéculation qui vise la Grèce, afin d'assurer la stabilité de la zone euro".

De nouvelles mesures concrètes

Dans une volonté de contenter l'Allemagne, Georges Papaconstantinou a affirmé que la Grèce présenterait de nouvelles "mesures concrètes" pour réduire "drastiquement" son déficit à l'issue des négociations conduites par l'UE et le FMI, prévues pour s'achever début mai.

A deux semaines d'élections régionales qui s'annoncent risquées pour la coalition gouvernementale, les ministres allemands s'étaient en effet relayés depuis vendredi pour laisser entendre que l'activation du plan n'avait rien d'acquis et que la Grèce devrait présenter un programme d'économies "crédible" pour y avoir droit.

Un plan sur trois ans

Ce plan, dont la Grèce a demandé l'activation vendredi, s'étale sur trois ans. Il prévoit pour 2010 la mise à disposition d'environ 45 milliards d'euros sous forme de prêts, dont 15 milliards à la charge du Fonds monétaire international (FMI). Au sujet des négociations en cours avec l'UE et le FMI, qui "avancent bien", Geroges Papanconstantinou a indiqué que son gouvernement ne privilégiait pas une baisse des salaires pour rendre l'économie grecque plus compétitive.

"La compétitivité est une question structurelle, une question de prix, elle n'est pas liée au niveau des salaires, qui sont de toute façon bas en Grèce", a-t-il dit à la presse. Mais ces propos n'ont pas suffi à calmer les marchés. Même les obligations grecques à deux ans, pour lesquelles les investisseurs demandent d'habitude une prime de risque moins élevée, ont flambé pour atteindre 13%, et la Bourse d'Athènes a clôturé en baisse de 2,86%.