Europe : la gauche soutient Juncker mais voudrait du lest sur les déficits !

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Jean-Claude Juncker pourrait devenir président de la Commission européenne dès vendredi.

La présidence de la Commission européenne semble plus que jamais à portée de main pour Jean-Claude Juncker. Le responsable luxembourgeois conservateur a ainsi reçu ce week-end le soutien des dirigeants européens de gauche pour son accession à la présidence de la Commission européenne. Il est déjà soutenu par une majorité de dirigeants de droite, dont la chancelière allemande démocrate-chrétienne Angela Merkel. Ainsi, à l'occasion d'un mini-sommet, samedi à Paris, neuf dirigeants sociaux-démocrates européens, réunis autour de François Hollande, ont estimé que "nous respectons l'esprit qui a présidé aux élections européennes, c'est-à-dire que le parti qui arrive en tête puisse proposer le candidat qui a été présenté, en l'occurrence aujourd'hui M. Juncker", a indiqué le chef d'Etat français. En échange de leur feu vert à la nomination de M. Juncker, les partis de la gauche modérée entendent toutefois obtenir la présidence du Conseil européen, actuellement occupé par le Belge Herman Van Rompuy. Les noms de de l'Italien Enrico Letta, de la Danoise Thorning-Schmidt ou du Français Jean-Marc Ayrault, circulent dans les couloirs des institutions européennes. La Britannique David Cameron toujours vent debout contre Juncker M. Juncker pourrait être nommé dès la fin de la semaine, à l'occasion d'un sommet européen prévu à Bruxelles jeudi et vendredi. Il reste cependant à résoudre le problème de l'opposition farouche de David Cameron, qui reproche à l'ancien président de l'Eurogroupe d'être trop fédéraliste et incapable de réformer l'Union Européenne après la poussée du vote eurosceptique aux élections européennes du 25 mai dernier... Pour être nommé, M. Juncker a besoin d'être soutenu par la majorité des 28 dirigeants européens, mais jusqu'à présent, tous les présidents de la Commission ont été choisis par consensus... Si pour la première fois, le futur chef de l'exécutif européen était désigné sans le soutien tous les Etats-membres, sa légitimité et sa crédibilité politiques pourrait en souffrir. En outre, les dirigeants de la gauche modérée ont demandé prudemment à Bruxelles davantage de souplesse sur le calcul des déficits publics... Ces neuf dirigeants (dont le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, la Danoise Helle Thorning-Schmidt et le Belge Elio Di Rupo) sont ainsi convenus de la nécessité d'utiliser "toutes les souplesses" du pacte de stabilité budgétaire, a précisé François Hollande. Mises en garde d'Angela Merkel et de la BCE sur le pacte de stabilité Ils n'ont cependant pas soutenu ouvertement Matteo Renzi, qui exige le relâchement pur et simple de ce pacte, qui stipule que les déficits publics ne doivent pas dépasser les 3% du PIB des Etats membres de l'UE. M. Renzi, qui avait déjà raillé en mars le "pacte de stupidité" s'est prononcé récemment pour une exclusion des dépenses d'éducation et d'infrastructures du déficit public, ce que n'autorisent pas les traités européens. En visite en France, la semaine dernière, l'allemand Sigmar Gabriel avait pour sa part envisagé une exclusion du co�"t des réformes de ce calcul. Il s'était immédiatement fait taper sur les doigts par la chancelière Angela Merkel, qui lui a rappelé le dogme du pacte de stabilité et de croissance. Hier, le Français Benoît Coeuré, membre du conseil de la Banque Centrale Européenne, a lui aussi mis en garde les pays qui seraient tentés de saper les fondements du pacte : "le pacte de stabilité et de croissance ne devrait pas être assoupli au point qu'il en perde sa crédibilité", a ainsi affirmé le responsable de la BCE dans un entretien publié hier par le journal allemand 'Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung'.