Le gouvernement s'interroge lui aussi sur les conditions de la faillite du raffineur suisse Petroplus, alors qu'une enquête préliminaire de police a été ouverte hier pour "banqueroute par détournement d'actifs". Le parquet de Nanterre a chargé la Brigade financière de se pencher sur la filiale française de Petroplus, basée dans les Hauts-de-Seine. "Oui, nous avons des suspicions sur les conditions de cette faillite, et notamment sur les flux financiers qui l'ont précédée la veille et l'avant-veille. Il faut que la justice fasse la lumière sur ce qui s'est exactement passé", a estime le ministre de l'Energie, Eric Besson, sur France Inter ce vendredi matin. Les soupçons se concentrent sur la maison-mère de Petroplus, qui aurait "vidé les comptes de sa filiale française, précipitant le dépôt de bilan et la cessation de paiement de Petit-Couronne". La justice s'intéresse en particulier à un transfert financier de 100 millions d'euros, a dit une porte-parole. "Le parquet a eu connaissance de documents nécessitant des vérifications, et notamment relatifs à des transferts financiers posant question, laissant penser qu'on avait volontairement appauvri la filiale", a-t-elle déclaré. Noyé sous près de 1,75 milliards de dollars de dettes, le raffineur a annoncé cette semaine le déclenchement d'une procédure d'insolvabilité qui menace plus de 2.000 emplois en Europe. "Notre principale préoccupation, c'est le maintien de l'activité, le maintien des emplois" à Petit-Couronne, a dit Eric Besson, alors que le gouvernement affirme être à la recherche d'un repreneur pour le site. Les salariées, eux, ne se démobilisent pas, et vont jusqu'à promettre des actions violentes en cas de perte de leurs emplois.