"Un Français", ce film sur les skinheads qui effraie les salles de cinéma

Marco, dans Un Français, l'histoire d'un skinhead vers la repentance, interprété par Alban Lenoir.
Marco, dans Un Français, l'histoire d'un skinhead vers la repentance, interprété par Alban Lenoir. © Capture YouTube
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Jean-Sébastien Soldaïni avec CB , modifié à
L'histoire déplaît aux activistes néo-fascistes, qui déversent sur Twitter leur haine pour un film qu'ils n'ont pas encore vu. Si bien qu'à ce jour, seuls huit cinémas ont accepté de le projeter.

Un Français, le film du réalisateur Diastème, peine à trouver des salles pour être projeté. Le film, dont la sortie est prévue le 10 juin, traite de l'extrême droite à travers l'histoire d'un jeune skinhead hyper-violent, qui peu à peu prend conscience que la haine et la violence ne mènent à rien. Une histoire qui déplait aux activistes néo-fascistes, qui déversent sur Twitter leur haine pour un film qu'ils n'ont pas encore vu. Si bien qu'à ce jour, seuls huit cinémas ont accepté de projeter ce film, prévu à l'origine dans 100 salles de l'Hexagone.

L'histoire d'un skinhead repenti.Un Français raconte l'histoire de Marco, qui passe à tabac des arabes et colle des affiches pro-extrême droite. Le réalisateur suit surtout le parcours de ce personnage, interprété par Alban Lenoir, qui tente peu à peu de sortir de cette violence. Un scénario, qui montre donc le revirement d'un skinhead, que certains militants d'extrême droite trouvent insultant.

Regardez la bande-annonce du film :

"Ils verront que ce film ne parle que de pacification". Ultra-violence de certaines scènes ? Scénario inattendu ? Philippe Lioret, le producteur du film, ne comprend pas la réaction des exploitants de salles d'annuler la projection d'Un Français dans leurs salles. "Les chemises brunes sont encore vivantes. La peur est là. Les gens ont des craintes et ça me terrifie. Ces propriétaires de salles ont l'inquiétude qu'on vienne leur casser leur fauteuil. Qu'ils les fassent, les avant-premières. Qu'ils osent les faire. Ils verront que ce film ne parle que de pacification. J'ai envie de leur dire : 'n'ayez pas peur'", insiste-t-il. Certains évoquent en effet une peur de représailles et une crainte d'affrontements entre nationalistes et antifascistes dans les cinémas.

"Ce film montre une réalité qui existe". Patrick Guivard exploite l'Utopia à Avignon assume, lui, pleinement la projection. "Ce film montre une réalité qui existe. L'extrême-droite existe, les fachos existent. Et dans ces gens-là, bien entendu, il y a des gens qui peuvent en sortir et qui en sortent. Il y a des maux de société qui existent, je ne vois pas pour quelles raisons il ne faudra pas en parler", estime-t-il.

"Une prudence excessive". Dans un long billet de blog, Diastème, le réalisateur, se dit abattu par "cette prudence excessive". "Le plus inquiétant, c’est que les gens en parlent sans l’avoir vu et j’espère que ce malentendu sera levé à partir du moment où les gens auront vu le film", peut-on lire sur son blog. Dans son billet, il explique également sa démarche et son incompréhension. Et précise que si les choses restent en l'état, seulement huit salles projetteront son film, quasiment mort-né.