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A.D , modifié à
Invité d’Isabelle Morizet, le musicien et chanteur a évoqué sa famille, sa passion pour le jazz manouche et son admiration sans bornes pour Django Reinhardt.
INTERVIEW

Avec des parents chanteurs, et mêmes icônes, Thomas Dutronc aurait pu tomber dans la potion de la chanson. Mais c'est plutôt la guitare qui l'a fait frémir. Invité dans Il n'y a pas qu'une vie dans la vie à l'occasion de sa tournée avec ses musiciens et amis de 20 ans, il a raconté sa passion pour l'instrument et pour l'oeuvre de son idole, Django Reinhardt. 

"Je voulais juste faire de la guitare." Ses parents ont eu une éducation très différente. Jacques Dutronc était désinvolte quand François Hardy était rigoureuse. Thomas grandit entre ces deux caps, gâté mais pas trop, dit-il. Il ne voit d'ailleurs pas les stars de la chanson française s'exercer à la maison. "Mon père, je n’étais pas né quand il a arrêté, ma mère, c’était pareil. Mon père, je le voyais plutôt dans la passion de prendre l’apéritif et d’aller au restaurant, ça j’ai bien connu. Je me suis dit 'il y a assez de chanteurs dans la famille'. Je voulais juste faire de la guitare". Au départ de sa carrière, et même avec un album de chansons dont J'aime plus Paris, il le confie : "Je ne cherchais pas à chanter. Je voulais inviter des chanteurs différents sur mon premier album, faire surtout de la musique instrumentale, de la vraie musique entre guillemets, pas de la variété."

Le "legs" de son père, c'est tout ce qui "concerne la camaraderie, les copains, le côté bon vivant". Avec son troisième album Eternel jusqu'à demain et entouré de sa bande, il est davantage allé vers ce qu'il aimait, la guitare, le partage. L'instrument, il vivait avec depuis toujours. Chez ses parents chez qui il reste jusqu'à 24 ans, il y avait "plein de guitares des années 60 qui ne bougeaient plus", cachées dans "de jolis étuis". "Peut-être qu’elles m’ont appelé", lance-t-il. "J’avais essayé de faire un peu de piano à 12 ans, je n’ai pas accroché, mais la guitare, j’ai eu un coup de foudre à 17 ans et demi." 

Entendu sur europe1 :
Django Reinhardt, je me suis rendu compte que c’était le plus grand guitariste de tous les temps. Des génies comme ça, il y en a une fois tous les 150 ans.

Bon élève à l'école puis se sentant "immature" à la fac, Thomas Dutronc a une soif de découvertes musicales. Il parcourt "musique classique, chanson française, musique d’avant les années 60. Il y avait beaucoup de choses qui m’emmerdaient un peu, mais en fouillant, on trouve des perles et quand je suis tombé sur Django Reinhardt, je me suis rendu compte que c’était le plus grand guitariste de tous les temps. Des génies comme ça, il y en a une fois tous les 150 ans."

Une guitare de Django. Ce mentor, il le garde, l'admire au plus haut point depuis lors, et le jazz manouche ne le quitte plus. Parmi sa soixantaine de guitares aujourd'hui, il a même une Selmer Maccaferri qui aurait appartenu à Django. Le musicien l'aurait offerte au comte de Paris, qui l’aurait donnée à Jacques Dutronc. Un léger doute subsiste sur la véracité de la légende. "Mais c’est une Selmer, et Selmer, c’est une marque de saxophones française internationalement connue. Et à l’époque, jusqu’à la fin des années 50, ils faisaient des guitares. Ils en ont fait 850 et Django jouait exclusivement sur ces guitares."

La Corse pour se ressourcer. Guitare de légende ou pas, après sa tournée, le musicien ira se ressourcer en Corse pour l'été. "Il y a dix ans j’ai dit J’aime plus Paris un peu au second degré, là, c’est au premier. Quand on ne vit pas bien, il faut essayer d’aller vivre ailleurs." Sur l'île, "tout le monde se connaît, tout le monde existe. C’est la liberté de pouvoir évoluer dans des espaces qui font rêver, se sentir un peu libre." Il ne veut pas trop en dire de peur d'attirer trop de monde. "Je n'ai pas envie qu’on me fatigue. J'ai envie d’être libre." Après avoir bouclé son contrat avec Mercury, il vient d'en signer un nouveau : "Maintenant je vais faire autre chose". La Corse doit "le ressourcer pour amener quelque chose de frais."