Maurras effacé : la décision de Nyssen critiquée par deux grands historiens

La ministre de la Culture Françoise Nyssen a retiré du Livre des commémorations l'écrivain Charles Maurras (à droite).
La ministre de la Culture Françoise Nyssen a retiré du Livre des commémorations l'écrivain Charles Maurras (à droite). © AFP
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avec AFP , modifié à
Deux membres du Haut Comité des commémorations nationales se sont fendu d'une tribune dans "Le Monde", lundi, après la décision de Françoise Nyssen de retirer l'écrivain du Livre des commémorations. 

"Commémorer, ce n'est pas célébrer", affirment les historiens Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory, membres du Haut Comité des commémorations nationales, regrettant la décision de la ministre de la Culture Françoise Nyssen de retirer du Livre des commémorations l'écrivain d'extrême droite Charles Maurras.  Après des protestations d'associations antiracistes, la ministre a demandé le rappel du Livre des commémorations 2018 et sa réimpression "après retrait de la référence à Maurras".

"Commémorer, ce n'est pas célébrer. C'est se souvenir ensemble d'un moment ou d'un destin", écrivent les deux historiens dans une tribune publiée lundi par Le Monde. "On commémore la Saint-Barthélémy, on ne la célèbre pas. On commémore l'assassinat d'Henri IV, on ne le célèbre pas", soulignent Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la Mission du bicentenaire de la Révolution, et Pascal Ory, professeur émérite à Paris-Panthéon-Sorbonne. Ils rappellent qu'une polémique en 2011 sur un autre écrivain antisémite, Céline, avait justement conduit à remplacer "Célébrations" par "Commémorations" dans l'intitulé du Haut Comité. 

"L'État doit braquer la lumière sur les périodes les plus sombres". Le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, Frédéric Potier, avait demandé samedi le retrait de Charles Maurras du recueil. "Commémorer c'est rendre hommage. Maurras n'a pas sa place dans les commémorations nationales 2018", écrivait-il, rejoint par SOS Racisme et la Ligue internationale de lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory font valoir en revanche "que s'il revient à l'État de fêter le souvenir des moments lumineux (...), c'est son devoir aussi de braquer la lumière sur les périodes les plus sombres - de toutes les manières possibles".