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A.D
Deux livres consacrés à "Téléphone" sortent en librairies. L'occasion de revenir sur l'un des plus grands groupes de rock français. Et sur un immense clash.
INTERVIEW

Les Insus, c'est le nouveau Téléphone, sans Corine, l'ex bassiste. Le groupe de rock français, recomposé, a repris la route à la rentrée après un passage aux Vieilles Charrues pendant l'été. Le groupe est aussi dans l'actualité littéraire avec deux sorties en librairies : Jean-Louis Aubert intime de Christian Eudeline et 3.400 nuits de Baptiste Vignol. Les deux auteurs étaient invités dans Europe 1 Music Club.

Le plus grand groupe de rock français ? Si "Téléphone" fédère autant encore aujourd'hui, c'est parce que "lorsqu'on cherche des exemples de groupes de rock français qui ont eu du succès, il y en a eu deux ou trois. "Les chaussettes noires" dans les années 60 ont vendu des millions d'albums. Vous avez "Téléphone" dans les années 70 et c'est tout." On peut encore citer "Indochine" ou "Noir Désir". "'Louise Attaque' a vendu un disque à deux millions d'exemplaires mais il n'y a pas beaucoup d'exemples. 'Téléphone' n'a pas sorti qu'un album à succès mais cinq."

" Le groupe est mort au bout de deux ans. Aubert s'accapare les chansons. Il y a trop de drogue, trop de cul, des ego surdimensionnés "

"Trop de drogue, trop de cul". Ecrire sur le groupe s'apparente pourtant, au début, à une sensation de malaise pour Baptiste Vignol, "pas fan du groupe. Quand ils se forment, j'ai 6 ans. Leurs premiers disques me passent un peu par-dessus les oreilles. Quand 'Téléphone' se sépare, j'ai 15 ans et là je commence à être touché." L'auteur accepte le défi d'écrire sur le groupe parce que "c'est un regard sur la France de 1975-1985". Sans le costume de fan, il s'avère mordant dans l'analyse : "Le groupe est mort au bout de deux ans. Aubert s'accapare les chansons. Il y a trop de drogue, trop de cul, des ego surdimensionnés. Il y a une fille au milieu qui fait la magie du groupe mais dans une époque de machos. C'est ce qui est fascinant, c'est un groupe quasiment mort-né et leurs divisions ont été leur moteur."

Le clash. La fille, c'est Corine Marienneau, l'ex bassiste du groupe, toujours en froid avec les garçons de la bande. Christian Eudeline l'a néanmoins approchée. "J'ai vu une femme un peu triste, un peu brisée, mais avec un sacré caractère. On comprend en la rencontrant en 2016 pourquoi il y a un clash complet avec les trois garçons. Ce n'est pas du tout les mêmes envies."

Elle, la petite copine de Louis Bertignac, au début, correspond à la génération de 68 et prône le partage et l'égalité. "Ce ne sont pas des choses possibles quand un type écrit toutes les chansons, un 'guitar hero' et un mec qui passe sa journée à la batterie et qui, en bande, vont boire des coups et draguer les filles." C'est aussi elle qui gagne le moins, ayant écrit le moins de chansons. Toutes ces raisons conduisent le groupe à la fracture.

Au moment où le groupe se sépare, les "Téléfans" sont abattus. Pendant 30 ans, ils espèrent une hypothétique reformation... qui est finalement venue, sans Corine. "On est d'accord que ce n'est pas 'Téléphone'. Elle aurait été un plus. Mais 'les Insus' aujourd'hui, il faut reconnaître qu'ils s'amusent."