La véritable histoire de la redingote et du chapeau de Napoléon 1er

Le 5 mai 2021 fête le bicentenaire de la mort de Napoléon 1er
Le 5 mai 2021 fête le bicentenaire de la mort de Napoléon 1er © PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
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Clémentine Portier-Kaltenbach, édité par Alexis Patri
Dans l'émission Historiquement vôtre, la chroniqueuse histoire Clémentine Portier-Kaltenbach fait, à l'occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon le 5 mai, le récit de la véritable histoire de deux objets qui permettent de retenir l'empereur entre mille : sa redingote grise et son légendaire chapeau bicorne.

À quoi reconnaîtrait-on Napoléon entre mille ? A sa redingote grise et à son chapeau légendaire ! La redingote grise est l'un des plus grands traits de génie de Napoléon. L'historien G. Lenotre écrit à son sujet : "Il avait compris que, gagner des batailles, fonder des royaumes, bouleverser l'Europe, cela n'était pas tout pour sa gloire. Il fallait encore qu'il imprimât dans l'esprit de ses contemporains, dans l'imagination des siècles à venir une image de lui qui ne fut point banale, une silhouette personnelle, étrange, et simple pourtant, quelque chose que l'on n'avait jamais vu et qui cependant n'eut rien de théâtral ni de luxueux".

Sur l'uniforme des grenadiers à pied de la Garde, qu'il portait ordinairement, il eut l'idée de mettre une simple redingote en drap gris de bon bourgeois aisé. Cette redingote grise en drap fin de Louviers avait des manches très larges, de manière à ce que Napoléon puisse la retirer ou la mettre sans enlever les épaulettes qui y étaient fixées.

Redingotes grises, vertes et bleues

Cette bizarrerie, qui chez tout autre eut paru ridicule, obtint le succès que l'on sait : notre imaginaire collectif ne connaît pas Napoléon dans son pompeux costume de sacre, dont David avait donné le croquis. Elle a oublié le costume de velours rouge à boutons de diamants du premier consul. Pour elle, l'empereur n'est pas vraiment l'empereur qu'avec sa redingote grise et son chapeau. C'est elle qui a fait passer la silhouette de l'empereur à la postérité, notamment parce qu'elle était aussi simple et austère que celle de ses soldats. La légende n’a retenu que la redingote grise, alors qu'il en portait aussi des vertes et des bleues.

Pour autant, ce n'était pas le manteau préféré de Napoléon. Son préféré était un manteau de drap bleu à collet brodé qu'il avait porté à Marengo et pendant toute la campagne d'Italie. Il l'emporta à Sainte-Helène. On couvrit son corps de ce manteau à sa mort, puis on en couvrit son cercueil au moment de ses funérailles. Il l'avait légué à son fils, mais le manteau en question a disparu.

Mais Napoléon se fichait en réalité de sa toilette. Il mettait tous les jours les mêmes pantalons en casimir blanc. Ses vestes et ses culottes étaient toujours en casimir blanc. Il en changeait tous les matins, mais on ne les lui faisait blanchir que trois ou quatre fois. Deux heures après qu'il était sorti de sa chambre, il arrivait très souvent que sa culotte soit toute tachée d'encre, à cause de son habitude d'y essuyer sa plume et d'arroser d'encre tout autour de lui en secouant sa plume contre sa table.

12 chapeaux en feutre de castor

Quant au célèbre chapeau de Napoléon, il était en feutre de castor ! Ce chapeau était donc confectionné en feutre noir à partir de fourrure de castor. La coiffe était garnie de satin, avec pour tout ornement une cocarde tricolore. Napoléon en avait de différentes tailles, car il faisait ouater les modèles d'hiver.

C'est ce que l'on appelle le fameux "chapeau castor français". C'est un certain Poupard qui fut le fournisseur attitré des chapeaux de l'empereur. Son enseigne "Au temple du goût" se trouvait dans les galeries du Palais Royal. Contrairement aux autres soldats, Napoléon 1er portait ce chapeau "en bataille", c’est-à-dire les ailes dans l'alignement des épaules. Selon le règlement de la garde-robe de 1811, il devait disposer en permanence de douze de ces chapeaux.

Depuis sa mort le 5 mai 1821, il en a circulé des faux chapeaux de Napoléon ! Seuls une vingtaine d'entre eux ont été authentifiés avec certitude. Le musée de l'armée peut s'enorgueillir de posséder six de ses vingt chapeaux, dont celui d'Eylau qui avait été donné par Napoléon en personne au peintre Antoine-Jean Gros en 1807. À Sainte Hélène, l'empereur en avait emporté seulement quatre. L'un fut placé dans son cercueil, un autre est à la Malmaison, les deux derniers appartiennent au Musée de l'armée.