Avignon, le théâtre témoin d'un monde en sang

Les Damnés, mis en scène par Sofia Jupither
Les Damnés, mis en scène par Sofia Jupither © CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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AFP avec T.C. , modifié à
AVIGNON - La partie "In" du Festival d'Avignon se termine dimanche sur un constat amer : la violence sur scène n'a d'égale que celle du monde réel.

Un monde à feu et à sang. Alors que l'attentat de Nice, la répression en Turquie et la tuerie de Munich contribuent à une vision anxiogène de notre époque, plusieurs pièces du 70ème festival d'Avignon témoignent de cette barbarie.

En ouverture du festival, le rituel macabre des Damnés, mis en scène par Ivo van Hove avec la Comédie-Française, décrit la descente aux enfers d'une grande famille d'industriels en Allemagne nazie. Le simulacre de fusillade du public en point d'orgue a glacé d'effroi les spectateurs.

Les damnés Ivo Van Hove Avignon(Les Damnés mis en scène par Ivo van Hove)

Extrême droite sans complexe. Bien que publié en 1989, le texte Place des héros de Thomas Bernhard, est d'une criante modernité. Le metteur en scène polonais Krystian Lupa a puisé dans le récit de cette Autriche ballottée entre l'extrême-droite et l'écologie un reflet des idées morbides qui ont libre cours aujourd'hui. "Il y a aujourd'hui plus de nazis à Vienne qu'en 1938", clame le dramaturge. Cette tension vers les extrêmes qui émerge de l'insécurité, la Belge Anne-Cécile Vandalem l'a racontée dans Tristesses, à la manière d'un polar scandinave. Elle y décrit la prise de pouvoir cynique d'une dirigeante d'extrême droite au Danemark.

LOIC VENANCE / AFP

(Krystian Lupa)

Mise en abyme morbide. La coïncidence la plus troublante est sans doute la pièce 20 novembre, mise en scène par la Suédoise Sofia Jupither, qui relate la confession vidéo d'un jeune homme qui s'apprête à commettre un massacre. Représentée presque simultanément à l'attentat de Nice, la pièce se rapproche plus de la tuerie à Munich du 22 juillet, perpétrée par un Germano-iranien, fasciné semble-t-il par le tueur de masse Breivik.

ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

(20 novembre, mis en scène par Sofia Jupither)

Si, selon Shakespeare, la vie n'est "qu’une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien", la brutalité de l'actualité a trouvé un écho sur les planches d'Avignon.