"Au revoir là-haut" : un film politique visuellement magnifique

© Gaumont Distribution
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Mathieu Charrier
Le nouveau film d'Albert Dupontel, adapté du roman de Pierre Lemaitre, sort ce mercredi en salles. Europe 1 l'a vu et a beaucoup aimé.

Cette semaine, l'événement cinéma c'est la sortie du nouveau film d'Albert Dupontel, Au revoir là-haut, adapté du roman de Pierre Lemaitre, prix Goncourt en 2013. Il raconte l'histoire de deux soldats qui ont survécu à la Première Guerre mondiale, mais l'un a eu le bas de la mâchoire arrachée. Et ensemble, ils vont monter une arnaque aux monuments aux morts. Verdict de Mathieu Charrier, le spécialiste cinéma d'Europe 1.

Jouer masqué. Au revoir là-haut est un film sur le jeu des masques. D'abord les masques qui cachent, et notamment le visage de ce soldat dont toute la mâchoire a été arrachée par un éclat d'obus juste avant la Libération. À l'écran, cela donne des masques magnifiques, que l'acteur principal Nahuel Pérez Biscayart interchange au gré de ses humeurs. "Le fait de devoir jouer masqué et de créer une voix de gorge détruite, c'est alors aux corps de prendre le relais. Donc on a cherché une gestualité de la Commedia dell'arte", explique le comédien, aperçu récemment dans 120 battements par minute.

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Critique du capitalisme. Et puis, il y a aussi les masques qui tombent. Ce sont les histoires familiales, celle des Péricourt notamment, qui ont fait leur fortune sur le dos des soldats morts. Une dimension politique, présente dans le livre de Pierre Lemaitre, et qu'Albert Dupontel tenait à faire ressortir dans son film. "Dans Au revoir là-haut, j'ai lu un pamphlet élégamment déguisé contre le monde actuel : les Péricourt (Niels Arestrup) sont des grands capitalistes, le lieutenant Pradelle (Laurent Lafitte) c'est le tueur social de base", souligne le réalisateur.

Cela donne un film de près de deux heures, intelligent. Il faut dire qu'Albert Dupontel a réécrit treize fois son scénario. Mais Au revoir là-haut est aussi magnifique visuellement, avec une reconstitution historique réussie, grâce notamment à un budget de 20 millions d'euros.