Un chef-d'œuvre de Courbet restauré sous vos yeux au musée d'Orsay

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avec AFP , modifié à
Les visiteurs vont pouvoir assister pendant un an à ce travail de restauration, qui se déroulera dans une salle du musée. 

Derrière une baie vitrée, les experts préparent leur matériel. Depuis mardi, les visiteurs du musée d'Orsay, à Paris, peuvent les observer en train de restaurer L'Atelier du peintre, le chef d'œuvre de Gustave Courbet.  Un travail qui va durer un an. Une longue période pendant laquelle une équipe de douze personnes va travailler sous les yeux du public et la vigilance d'un comité scientifique constitué à cette occasion. Ce n'est pas la première fois que le public peut ainsi assister à la restauration d'un tableau au musée d'Orsay, mais celle-ci est inédite par son ampleur et la notoriété de l'œuvre.

Une toile monumentale à la composition complexe. L'œuvre de Courbet, une toile monumentale de 5,98 m sur 3,61 m, peinte entre 1854 et 1855, va demander un an de travail aux spécialistes, notamment à cause de la complexité de sa composition. On y distingue ainsi, sur la droite, les amis de l'artiste, comme le journaliste et philosophe Proudhon ou le poète Baudelaire. A gauche, plusieurs personnages se présentent sous différents "types" sociaux : une mendiante ou encore un curé. Au centre, aux côtés d'une femme nue, on aperçoit Gustave Courbet lui-même, en train de peindre un paysage.  "Courbet a voulu que la composition soit mystérieuse et cette complexité entraîne aussi une complexité de la restauration", a souligné Isolde Pludermacher, conservatrice à Orsay.  Le peintre "a beaucoup changé (d'idées ndlr.), rectifié, il a employé des toiles déjà peintes, il y a beaucoup de va et vient dans sa technique", a indiqué la spécialiste.   

Le tableau est très abimé sur les bords. Le mauvais état du tableau va aussi demander beaucoup d'application. Ses multiples déplacements l'ont beaucoup fragilisé. La toile a été roulée plusieurs fois pour être transportée à Bordeaux en 1865, puis à Vienne en 1873, avant de passer ensuite entre les mains d'un restaurateur d'art, puis d'un collectionneur. Elle a enfin été acquise par le Louvre, où elle a été, comble de malchance, victime d'une fuite d'eau. L'œuvre est surtout très abimée sur les bords et présente des soulèvements de la couche de peinture ainsi que des vernis devenus jaunâtres.

En quoi va constituer le travail ?  Des "tests visant à déterminer le degré d'allégement du vernis" ont été réalisés au préalable. Ils vont permettre aux experts de passer au refixage de la couche picturale. Les restaurateurs vont pouvoir s'appuyer sur la radiographie du tableau, réalisée en 1977 et numérisée depuis.

Coût de cette restauration : 600.000 euros. Et pour boucler le budget, le musée d'Orsay a lancé sa première opération de financement participatif (crowdfunding) jusqu'au 19 décembre sur la plateforme Internet : ulule.com/courbet.