Présumé coupable, film choc

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Philippe Torreton incarne Alain Marécaux, l'un des acquittés d'Outreau, dans Présumé coupable, en salle ce mercredi 7 septembre.

C’est l’histoire d’un cauchemar. Vécu. Un calvaire qui aura duré cinq ans, cinq interminables années entre une arrestation et un acquittement. Près de dix ans après l’affaire d’Outreau, le film de Vincent Garenq sort sur les écrans ce mercredi 7 septembre. Présumé coupable raconte l’histoire d'Alain Marécaux, huissier de justice, Interpellé en 2001 avec sa femme et 12 autres personnes pour des actes de pédophilies qu'ils n'ont jamais commis.

A l’écran, c’est  Philippe Torreton qui s’est glissé dans la peau du supplicié. Un Philippe Torreton qui a vécu ce film dans sa chair, et pour lui c’est presque un minimum, "une politesse", c’est le mot qu’il emploie pour expliquer la diète qu’il a entamée pendant le tournage, afin de coller à son personnage : l’acteur a perdu 27 kg, contre l’avis des médecins et en trois mois. Une manière de subir dans son corps ce qu’avait subi le vrai Marécaux : après deux ans de prison en effet, celui-ci refuse de s’alimenter, entamant ce qu’il nomme lui-même aujourd’hui "un suicide lent".

 "Ce film va permettre de ne jamais oublier"

Quelques mois avant son acquittement en appel en décembre 2005, Alain Marécaux décrira ses 23 mois d’emprisonnement dans un livre : Chronique de mon erreur judiciaire. Et s’il ne désirait pas le film d’abord, il est convaincu maintenant qu’il permettra "de ne rien oublier". "L’essentiel y est" d’après lui. "Je m’y retrouve" dit-il et surtout peut être "je ne suis pas trahi". Tout y est : l’implacable destruction d’un homme "mais aussi de sa famille" martèle Alain Marécaux, la folie de l’arrestation, et surtout la violence, partout, qui colle à la peau, face à la raideur du juge Burgaud, "non pas un homme mais une machine qui avait des questions à poser, toujours dans le même ordre, (…) un homme dans un rôle de technicien".  La violence qui détruit, qui annihile même, et qui lui colle au corps. La violence, toujours, pendant la perquisition, la garde à vue, la prison, et qui fait dire à Marécaux : "L’être humain n’est plus rien."

Ecoutez Philippe Torreton et Alain Marécaux de Nicolas Poincaré :

Un film contre tout un système

Présumé coupable n’est pourtant pas un film contre les magistrats. C’est un film contre "Un magistrat" précise Alain Marécaux, et au-delà, "contre tout un système qui n’a pas fonctionné". Le film, à travers une histoire personnelle, s’interroge sur les rouages d’une justice qui, du moins dans cette histoire, a été défaillante, et a broyé des vies.

L'histoire finit bien, sur l’acquittement d’Alain Marécaux. Dans la vraie vie c’est autre chose, c’est un point de départ : il faut se reconstruire, tenter de digérer ce passé douloureux.

Pour Alain Marécaux "Outreau c’est un accident. Pendant quatre ans j’étais dans le coma" explique t-il. "Quand vous sortez d’un coma il faut se reconstruire, et je suis en train de me reconstruire". Un accident qui a bouleversé des vies, voilà pourquoi "il est urgent que la France entière voie ce film", parole de Torreton.

 Découvrez la bande-annonce du film :

Au cinéma le 7 septembre avec Europe 1.