Drouot : une divinité maya en toc ?

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avec Arthur Helmbacher
L’objet, vendu lundi trois millions d’euros, est faux, selon le Mexique. "Ridicule", pour le vendeur.

Près de 3 millions d’euros pour un faux ? L’authenticité de la divinité Maya vendue aux enchères au prix record de 2.912.000 euros lundi à l’hôtel Drouot, fait débat depuis que les autorités mexicaines s’en sont mêlées. "La pièce attribuée à la culture Maya et qui a atteint un prix record en vente aux enchères est une pièce de fabrication récente car elle n'appartient à aucune des cultures préhispaniques du Mexique", écrivent en effet le ministère mexicain des Affaires étrangères et l'Institut national de d'anthropologie et d'histoire (Inah) du Mexique dans un communiqué commun.

 

Mais pour la maison Binoche, organisatrice de la vente, ces accusations sont "ridicules". "Ils prétendent que la pièce est un faux ? C’est complètement bidon", s’emporte Jean-Claude Binoche, commissaire-priseur de la maison du même nom, joint par Europe 1. "Tout ça, c’est de la gesticulation, ça n’a pas le moindre fondement. On a un dossier en béton. Cette pièce est très connue, elle a même été exposée avec le patronage de l’ambassade du Mexique en 1998. Et si on avait une contestation à faire, il fallait nous contacter, ne pas être dans une non-assistance à commissaire-priseur en danger."

 

"Dans le contexte de l’affaire Cassez"

 

L’Inah et le ministère mexicain des Affaires étrangères semblaient pourtant avancer de solides arguments. "La figure tente de reconstituer les traits propres à des représentations préhispaniques élaborées dans la zone Maya du sud-est du Mexique, toutefois tant la hauteur (165,5cm) que la posture avec les jambes fléchies et les lanières qui tiennent la chaussure ne sont pas caractéristiques de cette culture", précisent-ils ainsi dans leur communiqué. En outre, l’"érosion apparente aurait été "faite en réalité dans le but de lui donner volontairement une apparence "d'usure et d'ancienneté".

 

L’avocat de la maison Binoche et le commissaire-priseur collectent actuellement tout ce qui est susceptible de prouver l’authenticité de la statue. Mais pour Jean-Claude Binoche, il n’y a pas de mystère. "Dans le contexte de l'affaire Florence Cassez, tous les coups sont permis", affirme-t-il. "Les Mexicains veulent déstabiliser le marché."

 

Quant à l'acheteur de la statue, celui qui a déboursé 3 millions d'euros lundi, il va très bien, assure la maison Binoche. Ça ne lui fait "ni chaud ni froid", convaincu qu’il est de l'authenticité de la pièce.