Possessions, une "réflexion sur la société"

Le film Possessions s'inspire d'un fait divers réel : l'affaire Flactif.
Le film Possessions s'inspire d'un fait divers réel : l'affaire Flactif.
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Marie-Laure Combes, avec Bruno Cras et AFP
Le film, qui sort mercredi, s'inspire d'un fait divers réel : l'affaire Flactif.

2003, l'affaire Flactif fait la une de la presse. Un couple et ses enfants sont retrouvés morts. Leurs voisins sont bientôt accusés des meurtres puis condamnés. Neuf ans plus tard, un film inspiré du fait divers sort sur les écrans. Possessions se veut plus une réflexion allégorique sur la société qu'une pure adaptation des faits. Eric Guirardo n'est pas le premier réalisateur à s'attaquer à un fait divers.

Du fait-divers...

En avril 2003, Xavier Flactif, un promoteur immobilier de Haute-Savoie, sa femme et leur trois enfants disparaissent de leur luxueux chalet avec vue sur les pistes de ski. Pendant l'enquête, leurs voisins, David Hotyat et sa compagne Alexandre Lefèvre, ne sont pas avares de commentaires acerbes dans les médias. Ils assurent aussi aux enquêteurs que les Flactif se sont enfuis. Cinq mois plus tard, les restes de leurs corps sont finalement retrouvés en forêt, sur les indications de David Hotyat. Il a depuis été condamné pour les meurtres à la prison à perpétuité, assorti d'une peine de sûreté de 22 ans, tandis qu'Alexandra Lefèvre purge une peine de dix ans.

... au film

Dans Possessions, Jérémie Régnier et Julie Depardieu incarnent Bruno et Marilyne Caron, un couple de nordistes qui s'installe en montagne pour changer de vie. Suite à un concours de circonstances, ils emménagent dans un chalet beaucoup plus luxueux que prévu, loué par les Castang, propriétaires de nombreuses habitations dans la région. Mais les relations vont se tendre et les Caron ne supportent plus d'être les témoins du bonheur des Castang. Jalousie, envie et frustration les mèneront au pire.

La jalousie est au coeur du film :

"Mon projet n'est en aucun cas de recréer la réalité du crime"

Le réalisateur du film, Eric Guirardo, lui-même originaire de Haute-Savoie, s'est donc très largement inspiré du fait divers du Grand Bornand. Mais il n'a pour autant pas souhaité en faire un "copier-coller" de l'affaire. "Je m'intéresse à ce qui a pu arriver à ce couple. Mon projet n'est en aucun cas de recréer la réalité du crime. Personne ne saura jamais pourquoi, comment on passe à l'acte", explique Eric Guirardo.

Depuis quelques années, les faits divers récents ont largement inspiré les réalisateurs de cinéma. Mais tous n'ont pas suivi la même voie. L'Assaut, qui revient sur le détournement d'un vol Alger-Paris en 1994, recréait par exemple minutieusement, avec une précision presque documentaire, l'assaut de l'appareil par le GIGN. Des gendarmes présents à l'époque lors de l'intervention ont même été consultés pour valider le scénario. A l'inverse, A l'origine qui raconte l'escroquerie de toute une commune montée par un seul homme se focalisait sur la solitude de l'imposteur.

"Une réflexion sur la société d'aujourd'hui"

Plutôt que de recréer un fait divers atroce, Possessions s'inscrit dans la veine d'A l'origine. Le film s'attache à ce sentiment de jalousie et de convoitise. Pour Bruno Cras, spécialiste cinéma à Europe 1, cette histoire d'un "couple possédé par l'envie" est finalement "une réflexion sur la société d'aujourd'hui". Selon lui, Possessions est "un film universel, une allégorie du monde où on vit, de la société de consommation".