Mostra de Venise : le triomphe de Faust

Le film "Faust" du réalisateur russe Alexandre Sokourov, inspiré du chef-d'oeuvre de Goethe, a remporté samedi le "Lion d'or" du 68e festival de Venise.
Le film "Faust" du réalisateur russe Alexandre Sokourov, inspiré du chef-d'oeuvre de Goethe, a remporté samedi le "Lion d'or" du 68e festival de Venise. © Maxppp
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avec AFP , modifié à
Le Lion d'Or a été attribué au film d'Alexandre Sokourov.

Un Russe sacré à Venise. Le cinéaste Alexandre Sokourov a remporté samedi avec Faust le Lion d'Or du meilleur film de la 68e Mostra de Venise. Cette distinction du plus ancien festival du monde n'avait été attribuée à un cinéaste russe qu'une seule fois, en 2003, à Andreï Zviaguintsev pour Le retour.

Une sombre fable sur la corruption du pouvoir

"Il y a des films qui font pleurer, rire, penser, des films qui émeuvent, qui changent la vie pour toujours. Faust est de ceux-là", a déclaré le président du jury, le cinéaste et producteur américain Darren Aronofsky, réalisateur du Cygne noir, en décernant ce prix "à l'unanimité".

Avec Faust, inspiré du classique de Goethe, Alexandre Sokourov, 60 ans, signe un film qualifié de "vertigineux" par plusieurs critiques. Il reprend l'histoire archétype du face à face avec le diable mais sous forme d'une méditation sur la corruption du pouvoir. Les personnages, en costumes XIXe siècle, y sont inquiétants et évoluent dans une atmosphère étouffante et nauséabonde de fin du monde, un thème cher à cette 68e Mostra.

"Faire du cinéma d'auteur c'est très difficile de nos jours. Je vous remercie pour la compréhension et la fatigue que cela comporte" (de le regarder), a déclaré le réalisateur, "très heureux de vivre dans le cinéma" et dans une Europe où, a-t-il dit, nous pouvons nous comprendre". Faust est le dernier volet d'une tétralogie sur les dictateurs, le pouvoir et la folie humaine, entamée en 1999 avec un portrait fictionnel d'Adolf Hitler.

Un film chinois distingué

Déjouant en partie les pronostics, le jury a laissé de côté Carnage de Roman Polanski, pourtant donné grand favori. Il avait le choix entre 23 films, une sélection haut de gamme réunissant d'autres pointures du cinéma comme George Clooney ou David Cronenberg, et de jeunes réalisateurs, témoins "d'un cinéma international vivant et en marche", a dit Darren Aronofsky lors de la cérémonie de clôture.

Le Lion d'argent de la meilleure mise en scène est allé au film chinois de Cai Shangjun Ren shan ren hai (People Mountain People Sea). Ce film, censuré cinq fois en Chine, et parvenu de justesse à Venise où il a été annoncé comme une "surprise" de dernière minute, évoque les conditions de travail dans les mines en Chine.

La France, représentée par Poulet aux prunes de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud et par Un été brûlant de Philippe Garrel, repart bredouille.