La cour de Babel : la vie d’une classe d’accueil filmée pendant un an

Image extraite du film La cour de Babel.
Image extraite du film La cour de Babel. © Pyramide Films
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DOCUMENTAIRE – Julie Bertuccelli a filmé des collégiens d’origine étrangère, aux itinéraires souvent très lourds, qui apprennent le français. 

Ils sont Serbes, Brésiliens, Tunisiens, Chinois, Irlandais ou Sénégalais, entre autres. Ces enfants d’origine étrangère ont entre 11 et 15 ans, et viennent d’arriver en France. Dans une classe d’accueil du collège La Grange aux Belles, dans le dixième arrondissement de Paris, ils viennent apprendre le français. La réalisatrice Julie Bertuccelli les a suivis pendant un an. Son film, La cour de Babel sort en salles le 12 mars. Pour elle, ce documentaire "n’est pas un film militant ", explique-t-elle. Elle espère seulement que le spectateur "ressentira la force de ces enfants, et la leçon qu’ils donnent."

D’où est parti ce projet ? Tout est parti d’une rencontre : celle d’une réalisatrice, Julie Bertuccelli (Depuis qu’Otar est parti, Grand prix de la Semaine de la Critique à Cannes et César du meilleur premier film, L’Arbre, avec Charlotte Gainsbourg) et celle de Brigitte Cervoni. Cette professeur de français au collège de la Grange aux Belles, dans le dixième arrondissement de Paris, est en charge d'une classe d'accueil et enseigne le français à des élèves récemment arrivés en France."J’ai eu une curiosité dingue d’aller passer une année  dans cette utopie, ce microcosme du monde, dans ce théâtre où on vous dit : on peut vivre tous ensemble, et qu’est-ce que ça doit être riche, et passionnant ! "  

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Qu’est-ce qu’on y  voit ? Le film se concentre sur le "cocon" que représente l’école. On y voit des adolescents qui travaillent, mais aussi leurs doutes, leurs difficultés, leurs joies. On les voit grandir ensemble. La caméra ne filme jamais la vie privée de ces enfants, mais on aperçoit tout de même les parents qui viennent à l’école les soutenir. Ces parents qui très souvent, confie la réalisatrice, misent beaucoup sur la classe d’accueil pour offrir un avenir à leurs enfants.

Et les enfants ont très envie d’apprendre. Dans cette séquence, on les voit présenter le mot "bonjour ", dans leur langue :

La Cour de Babel : "bonjour", en toutes les...par Europe1fr

Comment s’y est pris la réalisatrice ? Julie Bertuccelli s’est rendu deux à trois fois par semaine dans la classe d’accueil pendant un an. Si les enfants n’oubliaient pas la caméra au départ, ils ont fini par l’oublier complètement, grâce à l’immersion de la réalisatrice.

Dans cet extrait, les élèves racontent des moments de honte :

La Cour de Babel : "Ce jour là, j'ai eu honte !"par Europe1fr

C’est parfois douloureux. La réalisatrice, au moment de commencer le tournage, avait l’intuition que ce serait passionnant, mais elle anticipait les tensions, dit-elle. "Ces enfants ont tous des cultures, des religions, des points de vue très différents sur le monde…" Ils n’ont pas choisi d’être là. Ils sont surtout "entre deux âges", précise la réalisatrice, "entre deux pays, dans un moment particulier, l’adolescence, où on veut être un peu comme tout le monde. Et être le seul, avec un accent différent, à ne pas maîtriser une langue et être catapulté comme ça, c’est difficile."

On voit dans cette séquence la colère d’une des élèves de la classe, et sa tristesse. Elle s’est sentie insultée par une autre adolescente.

La Cour de Babel : La colère d'une élèvepar Europe1fr

Mais c’est aussi très touchant. Selon Brigitte Cervoni, la professeur de français qu’on suit dans le film, "c’est important de faire comprendre à ces enfants que les histoires douloureuses, les parcours d’exil, sont partagés par d’autres enfants de la classe. Il faut trouver des projets communs qui permettent de fédérer le groupe, pour qu’ils parviennent à construire ensemble."Au fil de l’année, dans cette classe d’accueil devenu un refuge, les relations deviennent plus intimes, "plus fraternelles" entre les jeunes élèves, constate la réalisatrice. "Leur professeur les pousse, les encourage sans relâche. C’est quand même quelque chose qu’on fait peu à l’école. En France, le collège est toujours très sanctionnant. C’est un modèle pour toutes les classes cette classe d’accueil", conclut la réalisatrice.

Les adolescents débattent autour de la religion :

La Cour de Babel : débat autour de la religionpar Europe1fr

Après un an passé dans la classe, l’objectif est que les élèves rejoignent des classes ordinaires. Les rythmes d’apprentissage sont différents. Parfois, il leur faudra rester un peu plus d’un an.

Le film La Cour de Babel de Julie Bertuccelli, est à découvrir en salles, le 12 mars prochain. 

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