Que sont devenus les "petits génies" du bac ?

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LE BAC, ET APRÈS ? - Survoler ses études est une chose. Trouver sa voie en est une autre. Retour sur les parcours de cinq très jeunes bacheliers.

Chaque année, c’est une tradition : à l’approche des épreuves du baccalauréat, les journaux télévisés s’attardent sur le cas d’un ou deux surdoués dont les chances de décrocher le précieux diplôme frôlent les 100% malgré leur très jeune âge. Ils ne sont pas nombreux, au regard des 650.000 inscrits aux épreuves du bac chaque année : "selon le ministère de l'éducation nationale, en moyenne, tous les ans, une vingtaine d'élèves passent le baccalauréat avant 15 ans. En juin 2012, parmi ces candidats, six avaient moins de 14 ans", rappelle Le Monde. Que sont devenus ces bacheliers hors norme ? Europe1.fr a sillonné le web pour vous présenter leur "vie d'après".

Lee Dinetan, bachelier à 14 ans, un avenir de chercheur

Natif de Saverne, dans le Bas-Rhin, Lee Dinetan a 14 ans lorsqu’il décroche son baccalauréat avec la mention Très Bien. Tout sauf une surprise pour ce passionné de mathématiques : "On murmure même qu’il corrige parfois son professeur", précisait un reportage de France 2 qui lui était consacré en 2006.

La suite ressemble à ce qui se fait de mieux en termes de parcours universitaire : il intègre à 16 ans l’Ecole normale supérieure… mais il était aussi admis aux Mines de Paris et à Centrale Paris. Depuis 2011, il mène une thèse de doctorat en mathématiques appliquées à la finance à l’institut de mathématiques de Toulouse. "Dans l’équipe statistique et probabilités, je travaille sur la simulation d'une économie de marché en vue de calculer son asymptotique", précise son CV.

Son objectif ? Devenir chercheur. Et qu’il est déjà presque enseignant : cinq ans après avoir décroché son bac, il est examinateur en classes préparatoires au lycée Pierre de Fermat de Toulouse... pour aider les élèves à décrocher l’ENS ou Polytechnique. Envoyé Spécial, qui est parti à sa rencontre en 2012, décrivait un matheux solitaire et passionné de théorie des jeux qui mène une vie monacale : chaque jour, il passe sept heures devant son bureau et trois heures devant son piano.

Samuel Sené, bachelier à 14 ans, chef d’orchestre multi-cartes

Lorsqu’il décroche son baccalauréat en 1996, Samuel Sené sait qu’il va effectuer sa rentrée en "Maths Sup" au lycée Pothier à Orléans. Avec un objectif : "devenir enseignant et chercheur dans son domaine de prédilection, les mathématiques". Objectif qu’il atteindra sans peine puisqu’il rejoint ensuite l'Ecole normale supérieure de Cachan puis décroche son agrégation en mathématiques à 20 ans seulement.

Mais Samuel Sené a une autre passion, la musique. A douze ans, il avait déjà remporté le premier prix du concours musical de France. Et c’est finalement cette voie qu’il va privilégier. Devenu compositeur, metteur en scène et chef d’orchestre, il a depuis monté plusieurs opéras et pièces de théâtre. Un CV où les œuvres classiques (Hamlet, Tosca, Orphée aux Enfers, etc.) côtoient des projets plus contemporains (Fame, West Side Story) et même la science-fiction : à l’occasion du retour en salle de Star Wars : Le retour du Jedi, il dirige un orchestre symphonique qui interprète la musique du film.

"Pendant des années, j'étais décrit comme "le jeune génie chef d'orchestre". Donc je me suis défini comme ça", confiait-il au Mondeen 2013. Une étiquette de surdoué dont il s'est depuis défait : "dans mon métier, elle n'avait plus d'intérêt. Et puis j'ai mis des années avant de réaliser que ça n'était pas nécessaire pour me faire aimer".

Mohamed Diaby, bachelier à 14 ans, entrepreneur revenu en Côte d'Ivoire

En 2004, Mohamed Diaby a non seulement décroché son diplôme à 14 ans mais en plus il y est arrivé alors qu’il venait de débarquer huit mois plus tôt de Côte d’Ivoire. Issu du quartier populaire de Yopougon, à Abidjan, il ressent rapidement l’envie de se frotter à l’élite française : à l’âge de 11ans, il a déjà sauté trois classes. Sa famille tente donc de l’inscrire dans un lycée français pour son année de terminale. Un parcours du combattant puisque la majorité des lycées lui ferment leurs portes et qu’il faut ensuite décrocher un visa.

Après avoir intégré le lycée Massillon, à Paris, et décroché son diplôme, il rejoint le lycée Charlemagne en classes préparatoires scientifiques. Puis rejoint l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (ENSAE ParisTech). Et pour ne pas s’ennuyer, il publie en 2005 un récit de ses aventures scolaires : Moi, Momo, 14 ans, ivoirien... et plus jeune bachelier de France.

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En 2008, il confiait au Parisien sa nostalgie de son pays natal et son rêve : "travailler dans le domaine de l'économie internationale, peut-être dans les organismes internationaux". Mission doublement réussi : il a depuis décroché deux Masters en économie, dont l’un à Oxford, ce qui lui a permis de commencer sa carrière à la Banque mondiale. Il y a travaillé trois ans, avant de revenir en Côte d’Ivoire, où il a créé son entreprise.

Arthur Ramiandrisoa, bachelier à 11 ans, urbaniste discret

Le parcours de ces surdoués du baccalauréat n’est cependant pas toujours un long fleuve tranquille. L'envie d’être un jeune "normal" et le sentiment de solitude jalonnent souvent les portrait qui leur sont consacrés. C’est notamment le cas d’Arthur Ramiandrisoa, plus jeune bachelier que la France ait jamais connu.

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Avec un diplôme décroché en 1989 à 11 ans et 11 mois, sans avoir jamais été scolarisé, il devient rapidement une attraction. Ses parents, qui ont pris en charge sa scolarité, dévoilent leurs méthodes dans un livre. Arthur Ramiandrisoa enchaîne les interviews et les plateaux-télé et publie même son autobiographie en 1991. Mais un parcours aussi hors-norme n’est pas toujours facile à porter : il fuit désormais les médias pour garder sa tranquillité, estimant avoir gâché une bonne partie de sa jeunesse. Tout juste sait-on qu'il a obtenu une maîtrise de mathématiques et un doctorat, avant de devenir urbaniste.

Guillaume Orvas, meilleur bachelier en 1987, enseignant jonglant entre philosophie et mathématiques

S’il avait "déjà" 17 ans lorsqu’il a passé le bac, Guillaume Orvas s’était néanmoins illustré en décrochant les meilleures notes du pays en 1987. Le lycéen inscrit à Louis-le-Grand à Paris est alors passionné de latin, de grec et de philosophie, disciplines auxquelles il comptait alors consacrer ses vacances d’été.

On le retrouve donc logiquement quelques années plus tard au poste d’enseignant en philosophie. Il officie dans un lycée du IXe arrondissement parisien et a publié de nombreux textes sur les relations entre mathématiques et philosophie dans la presse généraliste et spécialisée, avec une prédisposition pour la géométrie antique. Sa dernière trace repérée sur Internet était sa signature apposée au bas d’une pétition contre la réduction des heures d’enseignement du français pour les lycéens.

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