Zone euro : la BCE abaisse ses taux et lance un programme de rachat d'actifs

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www.boursier.com , modifié à
La banque centrale veut lutte contre le risque de déflation et la faible croissance.

La Banque Centrale Européenne a abaissé contre toute attente ses principaux taux directeurs et annoncé le lancement d'un programme de rachat d'actifs afin de lutter contre la faible inflation et dans le but de relancer la croissance atone de la zone euro. A compter du 10 septembre prochain, le taux de refinancement passera ainsi de 0,15% à 0,05%, alors que celui de facilité marginale recule de 0,40% à 0,30%. Enfin le taux de dépôt est abaissé de -0,10% à -0,20%. Rappelons que la BCE a notamment pour mission de fixer le niveau du taux des opérations principales de refinancement, ou "taux de refi", qui sont exécutées par voie d'appels d'offres chaque semaine par les banques. Elle fixe aussi la facilité de prêt marginal, qui permet par ailleurs aux établissements d'obtenir des liquidités à 24h00. Enfin, elle détermine la facilité de dépôt, le taux auquel les banques peuvent placer leurs réserves excédentaires. Rachat de titres Outre l'abaissement des taux directeurs, le conseil des gouverneurs "a décidé de commencer à acheter des titres du secteur privé non financier", a annoncé le gouverneur, Mario Draghi. L'Eurosystème va acquérir un large portefeuille de titres adossés à des actifs simples et transparents, avec des actifs sous-jacents composés de créances sur le secteur privé non financier de la zone euro dans le cadre d'un programme d'achat d'ABS. Ceci reflète le rôle du marché des ABS, qui facilite le flux de crédits à l'économie, et suit l'intensification des travaux préparatoires en la matière tel que décidé par le conseil des gouverneurs au mois de juin. Notons que les ABS sont des "titres garantis par des actifs" ("Asset Backed Securities"), c'est-à-dire des produits créés par titrisation de prêts. Ils n'ont pas bonne presse depuis quelques années puisque certains d'entre eux sont à l'origine de la crise financière récente, notamment les produits adossés aux actifs les plus risqués. Dans un schéma plus classique, les ABS permettent de diversifier le risque et aident au financement de l'économie. En rachetant de tels produits, dans la sphère privée donc, la BCE allègerait les bilans des banques et d'autres acteurs financiers, ce qui leur permettrait théoriquement de dégager des liquidités pour l'économie dite réelle, surtout pour les entreprises. Une logique que ne partagent pas tous les spécialistes, notamment ceux qui considèrent que la zone euro a un problème de demande et non pas d'offre de crédit. Programme d'achats d'obligations En parallèle, l'euro système achètera un large portefeuille d'obligations sécurisées en euros émises par des IFM domiciliés dans la zone euro dans le cadre d'un nouveau programme d'achat d'obligations sécurisées. Les interventions sur ces programmes débuteront en octobre 2014. Les modalités détaillées de ces programmes seront annoncées après la réunion du conseil des gouverneurs du 2 octobre 2014. "Ces nouvelles mesures couplées à des opérations de refinancement à plus long terme ciblées, qui vont être réalisées dans deux semaines, auront un impact conséquent sur notre bilan", a précisé Mario Draghi. "Ces décisions vont élargir la palette des mesures de politique monétaire prises au cours des derniers mois. Plus particulièrement, elles appuieront notre communication anticipée sur les taux directeurs de la BCE et refléteront le fait qu'il y a des différences significatives et croissantes au niveau du cycle de politique monétaire entre les grandes économies développées", a-t-il indiqué.