La zone euro prête à demander l'aide du FMI ?

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www.boursier.com , modifié à
Le FMI pourrait par le biais de ses pays contributeurs, réorienter des prêts vers les pays en difficulté du Vieux continent...

Plus la crise de l'Euro s'aggrave, plus le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) se complique... Hier, les ministres des Finances de la zone Euro se sont mis d'accord sur les termes et les conditions de l'extension de la capacité du Fonds de secours aux pays européens endettés. Mais en raison de la dégradation des marchés financiers, celui-ci n'atteindra "probablement pas" les 1.000 milliards d'euros prévus, a reconnu Jean-Claude Juncker, le chef de file des ministres des Finances de la zone Euro. Il totalisera "tout de même un chiffre substantiel", a ajouté M. Juncker, précisant qu'il "n'est pas possible de donner un chiffrage exact, car les circonstances ont empiré au cours des dernières semaines, depuis le dernier sommet" européen, fin octobre. Les ministres, qui ont aussi débloqué hier la prochaine tranche d'aide de 8 milliards d'euros à la Grèce, ont mis en place deux mécanismes pour muscler le FESF : d'une part, l'entité pourra participer partiellement à des émissions souveraines, en garantissant 20% à 30% du montant des émissions. D'autre part, le FESF pourra pratiquer le co-investissement, à travers la création d'un fonds, le CIF (co-investment fund), ouvert aux investisseurs privés et publics. Ce CIF sera autorisé à acheter des obligations d'Etats européens sur le marché primaire ou secondaire, mais les espoirs de voir les pays émergents, dont la Chine, y contribuer substantiellement, semblent s'être évanouis... Les dirigeants ont également modifié les statuts du fonds pour lui permettre d'accroître sa capacité d'intervention sur le marché primaire et secondaire de la dette, et de s'assurer les lignes de crédit nécessaires en amont pour faire usage de l'effet de levier. Le fonds dispose actuellement d'une capacité de prêt de 440 milliards d'euros, dont seulement 250 à 275 milliards sont encore disponibles, l'objectif étant de multiplier cette force de frappe restante par 4 ou 5, ce qui apparaît donc de plus en plus difficile à réaliser. La hausse des taux sur la dette publique dans la zone Euro, la crise italienne qui s'est même propagée à l'Allemagne ces derniers jours, la crainte de la perte de la note "Triple A" de la France, sans oublier le risque accru de récession dans la zone Euro, sont autant de facteurs qui n'incitent pas les investisseurs à contribuer à financer le FESF... Dans ces conditions, l'Europe envisagerait de demander une aide accrue au Fonds Monétaire International, ce qui obligerait le FMI à renforcer ses propres moyens d'intervention. Les pays contributeurs du FMI pourraient ainsi être incités à lui accorder des prêts, qu'il pourrait ensuite réorienter vers les pays européens en difficulté. Des sources européennes évoquent aussi un projet qui permettrait à la Banque Centrale Européenne de prêter des fonds au FMI. Cette solution permettrait de contourner l'interdiction faite à la BCE de prêter directement aux Etats de la zone Euro, ainsi que le refus de la BCE et de l'Allemagne de voir l'institut émetteur jouer le rôle de prêteur en dernier ressort pour les Etats...