Les enfants roms, pas les bienvenus dans les écoles françaises ?

Selon l'ERRC, moins de la moitié des enfants roms résidant en France sont scolarisés.
Selon l'ERRC, moins de la moitié des enfants roms résidant en France sont scolarisés. © MaxPPP
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Noémi Marois avec AFP , modifié à
SCOLARISATION - Selon une étude de l'European roma rights centre publiée lundi, les enfants roms vivant en France sont insuffisamment scolarisés.

L'European roma rights centre (ERRC), après enquête dans de plusieurs bidonvilles français peuplés de Roms, a conclu que de nombreux enfants roms ont "un accès restreint à l'éducation nationale". La loi française, pourtant, a tout prévu pour que cette scolarisation se fasse sans entraves.

Moins de 50% d'enfants scolarisés. L'ERRC, basée en Roumanie et qui combat le racisme anti-rom, a enquêté dans six bidonvilles français, auprès de 118 Roms âgés de 18 à 60 ans. Les résultats démontrent que moins de la moitié de leurs enfants étaient scolarisés. 

"L'avenir des enfants en péril". L'ERRC s'inquiète des conséquences de ce manque de scolarisation qui est "une violation directe des obligations nationales et internationales de la France". L'organisation souligne que "cela met également en péril l'avenir de ces enfants, diminue leurs possibilités d'accès à l'emploi, et aggrave l'exclusion sociale de ces communautés roms", explique Rob Kushen, président du conseil d'administration de l'ERRC. 

Scolarisation, obligatoire pour tous. La loi est pourtant claire : la scolarisation sur le sol français est obligatoire de 6 à 16 ans pour tous les enfants, sans exception.

Une circulaire de 2012 aborde le cas "des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs", qu'ils soient français ou étrangers : " Le droit commun s'applique en tous points à ces élèves : ils ont droit à la scolarisation et à une scolarité dans les mêmes conditions que les autres, quelles que soient la durée et les modalités du stationnement et de l'habitat, et dans le respect des mêmes règles". 

Pour que la scolarisation des enfants roms soit assurée, les Casnav (Centres académiques pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs) ont été mis en place dans chaque académie. Ils ont un pouvoir d'expertise mais aussi un rôle de conseiller auprès des équipes enseignantes, afin d'assurer au mieux l'accueil des enfants roms dans les écoles.

Les maires, principaux fautifs ? Selon les résultats obtenus par l'ERRC, dans 60% des cas de non-scolarisation, c'est le maire qui est en cause. En effet, certains édiles refusent d'inscrire des enfants roms dans l'école de leur commune sous prétexte que les familles ne peuvent fournir de justificatifs de domicile. Noisy-Le-Grand ou encore Ris-Orangis ont étaient prises la main dans le sac en 2013 et ont été contraintes à finalement scolariser les jeunes Roms, suite à des rappels à la loi du Défenseur des Droits.

Les expulsions, entrave à la scolarisation. L'ERRC ne remet pas en cause le système scolaire français mais plutôt les politiques d'expulsions. Selon elle, elle empêche une continuité dans la scolarité des enfants roms. L'ERRC accuse notamment la France de ne pas accompagner ces expulsions de solutions de relogement. 

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Le Haut comité  pour le logement des personnes défavorisées fait le même constat dans un avis rendu en juillet 2014. De la circulaire d'août 2012, c'est le volet répressif qui est surtout appliqué. Le volet "insertion", qui prévoit entre autres la "continuité" de la scolarisation, l'est beaucoup moins.  

La Ligue des droits de l'homme a comptabilisé depuis janvier 2014, l'expulsion de 3.000 Roms de leurs lieux de vie. Au total, 17.000 Roms vivent en France actuellement, dans 400 campements illicites.

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