Le prix de la consultation modulable ?

Invitée de Guillaume Cahour le 26 novembre 2010, Elisabeth Hubert - auteur d'un rapport sur la médecine de proximité - plaide pour une graduation de la rémunération.
Invitée de Guillaume Cahour le 26 novembre 2010, Elisabeth Hubert - auteur d'un rapport sur la médecine de proximité - plaide pour une graduation de la rémunération. © EUROPE 1
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Marion Sauveur , modifié à
Un rapport sur la médecine de proximité plaide pour une graduation de la rémunération.

"Il y a une nécessité de graduer la rémunération des médecins". Elisabeth Hubert, auteur d'un rapport sur la médecine de proximité qu'elle a présenté vendredi matin sur Europe 1 avant de le remettre au président Nicolas Sarkozy, plaide pour une refonte du paiement de l’acte des médecins libéraux.

De 11 euros à 70 euros la consultation

"Vous pouvez aller voir votre médecin, il y en a pour trois minutes et les 22 euros de consultation paraissent un peu cher. Mais si vous restez 35, 40 ou 45 minutes parce que vous avez peut être quelque chose de grave et que le médecin essaye de faire une analyse, vous comprenez que 22 euros ce n’est pas cher payé", argumente l’ancienne ministre de la Santé. Selon elle, la rémunération doit tenir compte de la complexité et de la durée d'une consultation.

Le prix d'une consultation pourrait s'échelonner de la moitié du tarif actuel (22 euros jusqu'au 31 décembre et 23 euros à partir du 1er janvier prochain), pour un rendez-vous de simple formalité à 70 euros pour "une consultation longue et difficile".

"Bien évidemment, il n’est pas question que le déficit de l’assurance maladie ne se creuse de façon supplémentaire à ce qu’il n’est aujourd’hui", nuance-t-elle.

L'intégralité de l'interview :

Manque de considération des médecins

Le rapport d’Elisabeth Hubert pointe également du doigt l’un des fléaux de la France : le manque de généralistes à la campagne et dans les zones urbaines difficiles. La raison ? "Il y a des médecins qui ne sont plus considérés et qui sont las de leur exercice", a regretté cette ancienne praticienne. Pour résoudre ce problème, le rapport propose d'installer des jeunes médecins sortis de l'internat dans des locaux mis à la disposition de collectivités locales et de mettre à la disposition des populations "des moyens de transport pour se rendre chez le médecin le plus proche".

Ce manque de considération pour la médecine générale débute bien plus tôt. Le problème remonte à l’université, où la formation est pratiquée en CHU. Au final, seul "un étudiant sur deux sera médecin généraliste", déplore-t-elle. Et ce, parce qu’ils n’ont pas "d’appétence" pour la médecine générale.

Concrètement, il faut "modifier la formation" qui selon Elisabeth Hubert ne "montre qu’un visage de la médecine", mais aussi "favoriser l’exercice regroupé des professionnels de santé, regrouper les maisons de santé, aider et accompagner l’installation, tenir compte des problèmes comme le fait que la profession médicale sera bientôt très féminisée". Pour Elisabeth Hubert, "tous les outils" n'ont pas été utilisés.

Premières mesures en 2011

Le gouvernement a indiqué vendredi qu'il prendrait des mesures dès 2011 pour améliorer l'exercice de la médecine générale, notamment en matière de formation, de rémunération ou d'aide à l'installation, sur la base de ce rapport. Nicolas Sarkozy a demandé au ministre et à la secrétaire d'Etat à la Santé, Xavier Bertrand et Nora Berra, ainsi qu'à la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse d'engager "très rapidement" des concertations avec les professionnels de la santé pour préparer ces mesures, a précisé la présidence de la République dans un communiqué.