La fermeture d'un réacteur nucléaire inquiète les hôpitaux

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Noémi Marois
SANTÉ - La fermeture prochaine d'un réacteur de recherche fait craindre une pénurie en radioéléments, utilisés dans de nombreux examens médicaux.

Programmée d'ici 2015, la fermeture du réacteur de recherche de Saclay, dans l'Essonne, inquiète le monde médical. Cette fermeture entraînerait une pénurie en radioéléments, utilisés dans les radiothérapies, dans les scintigraphies et dans la stérilisation de matériaux médicaux. Après plusieurs mois d'hésitation, le gouvernement, selon Le Parisien, pencherait malgré tout pour la fermeture pour des raisons de sécurité.

Osiris ? Osiris, c'est le nom du réacteur nucléaire de Saclay, qui a ouvert en 1966. Il est dit "de recherche", c'est-à-dire que l'énergie nucléaire n'est pas récupérée pour en faire de l'électricité. À quoi sert-il alors ? Les scientifiques y font des expériences et les radioéléments qui y sont produits sont récupérés pour être utilisés dans les hôpitaux. Le technétium 99 est particulièrement utile dans les scintigraphies, qui consiste à introduire dans le corps du patient des radioéléments qui vont se fixer sur l'organe, que les médecins observent ensuite avec une caméra spéciale. Cet examen permet de détecter efficacement des maladies.

Pourquoi une fermeture ? Le réacteur, qui appartient au Commissariat d'Énergie Atomique (CEA), est dans le viseur de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Elle vient juste de confirmer n'"être pas favorable à une poursuite de fonctionnement de l'installation Osiris au-delà de 2015, compte tenu du niveau de sûreté actuel de ce réacteur". La mise aux normes de sécurité coûterait des millions d'euros.

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Remplacé par le réacteur de Cadarache ? Des travaux qui paraissent inutiles car un autre réacteur est censé remplacer Osiris. Il s'agit du réacteur Jules Horowitz à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône. Problème, censé ouvrir en 2015, il ne sera finalement prêt qu'en 2018.

Une pénurie mondiale ? Si la France manque de radioéléments, elle pourrait en acheter à l'étranger. Oui mais seuls huit réacteurs dans le monde produisent du technétium 99. Et deux d'entre eux vont fermer prochainement : l'un au Canada fermera en 2016, celui de Belgique sera en maintenance à partir de 2015. Ce qui fait craindre aux médecins et à l'Académie nationale de médecine une pénurie sérieuse. Un exemple leur donne raison. En 2007, lorsqu'un réacteur nucléaire en Ontario (Canada) a fermé ses portes, le nombre d'examens médicaux nucléaires a baissé de 22%. Pour éviter une pénurie de radioéléments, le réacteur a repris son activité en novembre 2013.

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