Vote par Internet : peut mieux faire !

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Hélène Favier , modifié à
130.000 Français de l’étranger ont choisi de voter sur le web, mais de nombreux bugs demeurent.

 

"Moi, je n'ai toujours pas reçu mon identifiant de vote, que ce soit par courrier postal ou par SMS", enrage Solena L, tandis que Charles R s’agace : "pas moyen de voter par internet, de la maison ou du bureau, malgré l'aide de mon service informatique. Frustrant !". Et puis, "le bouton "se connecter" n'est pas activé sur la page d'accueil", peste, de son côté, Jean-Pierre P sur un forum destiné aux Français de l’étranger.

Jusqu’à mardi, 12 heures, un million d’électeurs résidant hors de France, dont 600.000 ayant communiqué une adresse mail valide, avaient la possibilité de voter au premier tour des législatives par Internet. Dans la douleur - plusieurs "bugs" ont été recensés - plus de 10% d’entre eux auront finalement fait ce choix. A la clôture du vote par Internet, 130.000 votants avaient ainsi voté sur Internet, confirme à Europe1.fr le Quai d'Orsay.

120.000 votants sur Internet

Les Français de l’étranger sont les premiers électeurs à avoir pu participer par Internet à un scrutin national. Les électeurs qui n'auront pas usé de cette possibilité, ni du vote par correspondance ou par procuration, pourront se rendre aux urnes le dimanche 3 juin, ou le samedi 2 juin pour ceux du continent américain, soit une semaine avant l'ensemble des Français.

Cette expérience sur le web a-t-elle été concluante ? Sur 600.000 Français de l'étranger qui avaient la possibilité de voter sur Inter, le bilan "est positif", estime Eric Bosc, adjoint au porte-parole du Quai. "Il faudra cependant attendre la participation globale des Français de l'étranger pour pouvoir tirer des conclusions sur cette expérience", précise-t-il. Les chiffres du vote par Internet seront scrutés à l’aune de ceux qui auront effectivement fait le déplacement. Mais on sait déjà - à titre de comparaison - que 73.000 Français de l'étranger ont choisi de voter par correspondance.

Le bilan de l’opération restera néanmoins en demi-teinte tant les bugs informatiques ont été importants. Le site mis en ligne par le Parti pirate pour dénoncer l’opacité du vote, s’est d’ailleurs vite transformé en forum des bugs informatiques en tout genre.

Bugs en série 

La majeure partie des messages témoignent du fait que la page Internet permettant le vote électronique est tout bonnement incompatible avec la dernière version du logiciel Java (1.7) lancée il y a quelques jours.

Les utilisateurs qui avaient déjà effectué la mise à jour de Java, ce langage de programmation qui équipe plus de 800 millions de PC à travers le monde, avaient alors le choix entre… changer d’ordinateur pour un autre qui contient encore l’ancienne version, ou télécharger cette ancienne version et désactiver la plus récente. Un casse-tête pour les novices en informatique. 

Et le Quai d’Orsay n’a pu apporter aucune solution à ce bug. Une fois le vote lancé, il était en effet impossible de toucher aux verrous mis en place, les modalités du scrutin étant contrôlées par un bureau de vote électronique.

"Pour répondre aux électeurs confrontés à ces bugs, nous avons mis en place deux plateformes téléphoniques", se défend Eric Bosc. Mais cette aide s’est parfois révélée inutile comme en témoigne une électrice vivant hors de France : "l’opératrice a fini par conseiller d’aller voter ce week-end… via la bonne vieille méthode d’un bulletin dans l’urne !".

Quant à la sécurité du vote - notamment mise en cause par le Parti pirate et plusieurs professionnels - "elle a tenu", veut rassurer le Quai d’Orsay. "Nous avions crypté [et donc sécurisé] le vote comme une transaction bancaire. Du début à la fin. Le vote des Français de l’étranger ne sera donc connu que lors du dépouillement. Leurs suffrages sont donc encore secrets et sûrs…", détaille Eric Bosc qui insiste sur la sécurité informatique du scrutin : "Notre serveur 'https' [protocole de transfert sécurisé] n’a jamais été fracturé !"…

Le bilan de l’opération sera fait après les élections. Mais déjà un constat s’impose : en matière de vote sur Internet, la France peut mieux faire !