Tous les chemins d'Ayrault mènent aux Roms

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avec agences , modifié à
Le Premier ministre est en Roumanie pour évoquer les engagements de Bucarest sur le dossier des Roms.

Aucune Premier ministre ne s’était rendu en Roumanie depuis Dominique de Villepin, en 2007. Autant dire que la venue de Jean-Marc Ayrault, jeudi et vendredi, est très attendue du côté de Bucarest. Deux dossiers sont sur la table des discussions : les partenariats économiques et, surtout, le dossier des Roms.

Un partenaire privilégié. A Matignon, on préfère insister sur l'importance des échanges économiques et commerciaux avec ce pays des Balkans. En 2012, ils se sont en effet élevés à 6,25 milliards d'euros, la France étant le troisième partenaire commercial de la Roumanie, après l'Allemagne et l'Italie. Selon la Banque nationale roumaine, Paris est également le quatrième investisseur du pays. De nombreuses entreprises françaises - Orange, Carrefour, Veolia, Auchan, la Société Générale, Renault, Sanofi - sont d’ailleurs implantées depuis longtemps en Roumanie.

Jean-Marie Le Pen

Les Roms, sujet brûlant. Mais si Jean-Marc Ayrault se rend en Roumanie, c’est aussi et surtout pour évoquer directement avec ses homologues le dossier des Roms, éternelle pomme de discorde entre les deux pays. Les déclarations sur Europe 1 du député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi - "j'en ai maté d'autres, je vous materai" - et de Jean-Marie Le Pen - qui avait évoqué la semaine dernière la "présence urticante" et "odorante" des Roms - n’ont rien arrangé. Jean-Marc Ayrault tentera donc d’arrondir les angles, Matignon mettant en garde contre "tous les discours de stigmatisation".

Pour autant, à Paris, on reconnaît que la question des Roms roumains et de leur intégration dans le pays "n'est pas réglée". "On a constaté un changement de discours et un changement (dans l'organisation administrative) pour aider les Roms. On a constaté aussi que les Roumains veulent démanteler les réseaux (d'émigration). On souhaite que toute cette politique se mette en mouvement", explique-t-on à Matignon. Le fait que Bucarest reconnaisse désormais ses "responsabilités dans l'intégration des Roms" dans le pays constitue un "changement majeur", poursuit-on rue de Varenne.

La situation reste "préoccupante". Si des efforts sont faits, ils sont encore largement insuffisants, comme le pointe un rapport réalisé par plusieurs organisations de la société civile roumaine, dont la Fondation Soros, publié cette semaine. "Il n'y a eu quasiment aucun progrès en 2012 pour la mise en place de la stratégie nationale d'insertion des Roms" en Roumanie. Un rapport qui pointe également le manque de ressources budgétaires.