Syrie : Juppé à fond derrière Hollande ?

Alain Juppé, ancien ministre UMP des Affaires étrangères, a réitéré samedi sur Europe1 son soutien à François Hollande, en faveur d'une intervention militaire en Syrie.
Alain Juppé, ancien ministre UMP des Affaires étrangères, a réitéré samedi sur Europe1 son soutien à François Hollande, en faveur d'une intervention militaire en Syrie. © EUROPE 1
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avec Arlette Chabot , modifié à
INTERVIEW - L'ancien ministre des Affaires étrangères soutient une intervention en Syrie. Mais...

INTERVIEW E1. "Je pense qu'il  faut intervenir. Il y a un enjeu moral." Alain Juppé, ancien ministre UMP des Affaires étrangères, a réitéré samedi sur Europe1 son soutien à François Hollande, en faveur d'une intervention militaire en Syrie, en dépit de ce que prône la majorité de son camp politique. "On ne peut pas laisser massacrer et gazer des populations civiles, en contravention avec toutes les règles internationales. Personne n'a utilisé, quasiment depuis 1918, des armes chimiques contre des populations civiles", a-t-il insisté.

>> Pourquoi une intervention est-elle si urgente ? Sous quelle forme doit-elle être faite ? François Hollande est-il irréprochable sur le dossier ? Les réponses d'Alain Juppé.

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"La sécurité des Français est en jeu". "Il y a-t-il eu utilisation d'armes chimiques ? Pour moi la réponse est clairement 'oui', et même la Russie l'a reconnue", a martelé l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac pour justifier l'importance d'une intervention rapide. "Par ailleurs, 11 pays du G20, et parmi eux les grandes démocraties, ont dit, je les cite : 'les preuves mettent clairement en évidence la responsabilité du gouvernement syrien sur cette attaque'".

D'autant que selon lui, la question dépasse largement la question syrienne. "Le président de la République a utilisé deux arguments pertinents", a reconnu le maire UMP de Bordeaux. Et d'enchainer : "ce serait, d'une part, un signal au régime syrien qui peut continuer à massacrer sa population sans rien craindre. Et ce serait, d'autre part, un signal à l'Iran et la Corée du Nord, que nous ne serons pas en mesure de bloquer la construction d'une arme atomique". "C'est notre sécurité qui serait, à ce moment là, en jeu. Et ça les Français doivent en prendre conscience", insiste-t-il.

Comment intervenir ? "C'est une décision difficile, lourde. Il ne faut d'ailleurs pas envoyer de troupes au sol", prévient en revanche l'ancien ministre. "Par contre, on peut fragiliser le régime syrien et diminuer sa capacité de massacrer sa propre population en ciblant des lieux stratégiques et son aviation, avec laquelle il bombarde sa population".

"La population française est sceptique, il faut la convaincre"

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Hollande doit parler aux Français. Le président de la République, même s'il a de "bons arguments", n'est pas non plus exempt de tout reproche sur le dossier, selon Alain Juppé. Et si les Français n'ont pas encore "pris conscience" de l'importance d'une intervention - les deux tiers s'y opposent, selon un sondage Ifop -, c'est que la communication du chef de l’État doit être améliorée. "Il est indispensable que le président de la République parle aux Français, le plus vite possible. Il y a un besoin d'éclaircissements, la population française est sceptique. Il faut (la) convaincre", insiste-t-il.

Côté diplomatie, François Hollande n'est pas allé assez loin estime par ailleurs Alain Juppé. La preuve : l'Allemagne s'oppose toujours résolument à toute intervention. "Il faut reprendre en main un travail diplomatique jusqu'ici insuffisant", a regretté l'ancien locataire du Quai d'Orsay, déplorant qu'il n'y ait pas encore eu de "grande réunion des chefs d’État et de gouvernement des principaux pays de l'Union européenne".

Un vote à l'Assemblée nécessaire. Tout partisan d'une intervention qu'il est, l'ancien ministre estime tout de même que rien ne doit se faire sans vote du Parlement. "Le président n'y échappera pas. Il ne s'agit pas d'une décision militaire. Le gouvernement ne peut pas s'engager s'il n'a pas le soutien de la représentation nationale", argumente-t-il. "S'il y a un vote 'non', et bien, c'est la démocratie et les responsabilités seront nettement situées", a-t-il conclu.