"Stop aux spams politiques !"

© MAXPPP
  • Copié
Hélène Favier , modifié à
Les Français de l’étranger s’agacent de recevoir des mails quotidiens des candidats aux législatives.

"Rien qu’une douzaine de mails aujourd’hui. Vive les listes électorales consulaires !", s'agace Arnaud. Habitant aux Etats-Unis, il fait partie, comme un million de Français, de ces citoyens établis hors de France appelés à voter dès ce week-end pour les législatives.  

"En clair... cela les gonfle"

Et pour eux, la campagne électorale a d'abord une conséquence inattendue : leurs boîtes email sont pleines. "Les listes électorales nous sont communiquées par Internet donc chaque candidat peut s’adresser quotidiennement à tous les électeurs. Cela a un impact, chaque électeur doit recevoir dix ou douze mails par jour et en clair... cela les gonfle", confie à Europe 1 l’UMP Thierry Mariani, candidat dans la 11e circonscription des Français de l’étranger (Asie/Russie).

Cette situation est inédite. C'est en effet, la première fois, que ces "Français de l’étranger" vont élire leurs députés, en vertu d’une révision constitutionnelle du 23 juillet 2008. Et si dans certaines zones du monde, quelques ténors se présentent, comme l'ex-ministre UMP Frédéric Lefebvre dans la 1ere circonscription (Etats-Unis/Canada), cette nouveauté provoque l'émergence de candidats qui ne font pas partie du sérail et qui n’hésitent pas à sur- solliciter leurs électeurs pour se faire connaître.

Du porte-à-porte numérique

treuille

Les candidats - étudiants, ingénieurs, chefs d’entreprise, manageurs ou encore diplomates -  y expliquent qui ils sont, diffusent des vidéos de soutien, détaillent leurs programmes et vantent leurs qualités. "Je suis la seule à présenter une connaissance complète du terrain nord-américain pour les Français expatriés", emaile ainsi Carole Granade, candidate Modem de la 1ère circonscription, tandis que l’un des ses adversaires Antoine Treuille, candidat de la "Droite modérée et solidaire", promet, lui aussi dans un mail, de faire triompher une droite "entrepreneuriale ambitieuse pour la France".

CAROL

Et qu'ils représentent un gros ou un petit parti, la campagne se révèle lourde à gérer pour eux. "Je suis mon patron, j'ai pris malheureusement beaucoup de temps sur mon travail et ça se ressent sur l'entreprise", affirme par exemple Nicolas Jeanneté, candidat centriste et producteur d'évènements culturels à Berlin."Ce sont des économies que l'on met, c'est une famille auprès de laquelle on est moins" et du "télétravail", décrit de son côté Pierre-Yves Le Borgn', candidat PS et cadre dans une entreprise d'énergie solaire. 

La Cnil s'en mêle 

Mais ces mails de présentation appréciés par certains, associés à de la publicité intempestive par d’autres. Un spamming dont la Cnil, la Commission nationale de l'informatique et des libertés, a eu vent. Elle a d’ailleurs jugé mardi que la protection des données personnelles lors de l'utilisation de fichiers par les partis politiques n'avait pas été suffisante.

Elle estime que ces dizaines de mails quotidiens sont malvenus et "provoquent de fortes réactions chez certains électeurs".

Elle appuie son constat sur "des plaintes et témoignages" qu’elle a reçus : "je suis sans arrêt spammé par de multiples partis politiques. Je n'ai pas donné mon accord au Consulat français pour communiquer mon email aux partis". Ou encore : "Cela fait cinq fois que je suis contacté par l'équipe de X, suite à la récupération de mon email sur le site consulaire", est-il écrit sur un des messages reçus par la Cnil.

La Commission évoque aussi des plaintes concernant des "difficultés à se désinscrire" des listes de diffusion. Par exemple : "J'ai reçu, à plusieurs reprises et sans aucune sollicitation de ma part, des messages du candidat X. Mes diverses demandes de désinscription ne sont pas effectives à ce jour".

La Cnil assure qu’un bilan définitif des campagnes électorales de 2012 sera établi après les législatives et qu’un rapport sera "présenté au gouvernement et aux principaux acteurs impliqués dans la communication politique". En attendant, les Français de l’étranger crient "halte aux spams politiques".