Éducation : la bataille des chiffres

Les chiffres avancés lundi matin par Nicolas Sarkozy ont été vivement critiqués par la gauche et "précisés" au sein même de la majorité.
Les chiffres avancés lundi matin par Nicolas Sarkozy ont été vivement critiqués par la gauche et "précisés" au sein même de la majorité. © REUTERS
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avec agences , modifié à
Les chiffres donnés par Nicolas Sarkozy ont provoqué l’ire de la gauche. L'UMP a rectifié.

Le chef de l’Etat est-il fâché avec les chiffres ? Pour appuyer son discours sur les effectifs de l’Éducation nationale, qu’il refuse d’augmenter, Nicolas Sarkozy a affirmé que le nombre d’élèves avait diminué de 400.000 en dix ans, alors que celui des enseignants augmentait de 45.000. Des chiffres aussitôt critiqués à gauche, et "précisés" au sein même de la majorité. Europe1.fr revient sur une polémique en trois actes.

Acte I : Les chiffres de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy, invité sur RTL lundi matin affirme vouloir faire sur l’éducation des "propositions fortes" et estime qu’il faut "revaloriser d’urgence la fonction enseignante". Le chef de l’Etat refuse toutefois d’augmenter les effectifs dans l’Éducation nationale et assure, pour appuyer sa démonstration qu’il y a "un peu plus de 400.000 élèves de moins dans l’Éducation nationale depuis dix ans, et il y a 45.000 professeurs de plus".

Acte II : Les critiques du PS

Vincent Peillon, responsable des questions d’éducation dans l’équipe Hollande, réagit dans un communiqué publié en début d’après-midi et dénonce des "chiffres extravagants". "Pour justifier son bilan calamiteux sur l’Éducation nationale, le président sortant a, ce matin, une fois de plus menti aux Français", fustige le socialiste, pour qui "Nicolas Sarkozy a pris ses rêves pour des réalités".

L’eurodéputé PS s’appuie sur les chiffres du ministère et sur ceux de l’Insee pour affirmer que "les effectifs d’élèves (premier et second degrés) sont passés de 2000 à 2010 de 12,166 millions à 12,017 millions, soit une diminution de 149.000 élèves, très loin des 400.000 évoqués par le président sortant". Du côté des enseignants, les effectifs "sont passés de 989.890 en 2001 à 928.458 en 2011, soit une diminution de 61.432 postes de professeurs".

Acte III : La mise au point de l'UMP

Du côté de l’UMP, les chiffres cités par le président-candidat embarrassent. Face aux critiques du PS, l’état-major de Nicolas Sarkozy tente de rectifier le tir et assure que le candidat s’est "juste trompé sur la date de ‘départ’ de la période". "Sa langue a fourché, il voulait dire depuis vingt ans et non pas depuis dix ans".

L’équipe de Nicolas Sarkozy précise donc qu’entre 1990 et 2011, le nombre d’élèves dépendant du budget de l’Éducation nationale (premier degré, collège et lycée) est passé de 12,926 millions à 12,363 millions, soit 563.000 élèves en moins. Quant au nombre d’enseignants, il est passé de 809.000 à 844.000, soit 35.000 de plus. Seul problème : même rectifiés et lissés sur vingt ans, ces chiffres ne correspondent toujours pas à ceux cités par le président.

Pire, un document de l'UMP daté du 10 février met en avant encore d'autres chiffres, citant l'Insee. D'après ce texte, entre 1990 et 2010, le nombre d'enseignants a augmenté, de 61.857 tandis que le nombre d'élèves a diminué de 480.000.