Aubry, la sacrifiée de Hollande

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Fabienne Cosnay , modifié à
Elle rêvait d’un poste à Matignon. Aujourd’hui, la patronne du PS doit retrouver une place.  

Premier ministre ? Elle s’y voyait bien. François Hollande lui a préféré Jean-Marc Ayrault. Martine Aubry a donc fait le choix de rester à l’écart du casting gouvernemental. "Nous avons discuté de cela lundi avec François Hollande. Nous sommes convenus que, dans cette configuration, ma présence au gouvernement n’aurait pas grand sens", a indiqué mercredi la première secrétaire du PS au monde.fr.

Officiellement, le choix de François Hollande ne l’aurait  guère surprise. "J’ai toujours pensé qu’il choisirait Jean-Marc Ayrault, parce que je savais qu’il voudrait quelqu’un de très proche de lui", a-t-elle confié au quotidien, reconnaissant implicitement ses relations tumultueuses avec le nouveau président.

Mais au fond d’elle-même, la patronne du PS était toujours confiante quant à ses chances d’accéder à Matignon. Dans les sondages,  Martine Aubry apparaissait comme la préférée des électeurs de gauche pour le poste. L’ex-numéro 2 du gouvernement Jospin - elle était alors ministre de l'Emploi et de la Solidarité - n’imaginait pas qu’elle serait absente du futur gouvernement.

Tout ça pour ça ...

Ces derniers mois, la patronne du PS avait affiché sa loyauté à l’égard de François Hollande. Après des primaires âpres, Martine Aubry avait tout de suite reconnu sa défaite et s’était rangée derrière le candidat socialiste à la présidentielle. Celle qui qualifiait son adversaire à la primaire de représentant de "la gauche molle", n’a pas ensuite ménagé sa peine pendant la campagne pour vanter les louanges de son ex-concurent. Martine Aubry avait notamment affiché son unité avec François Hollande, le 16 avril, lors d’un grand meeting à Lille. Tout ça pour rien ?

En lot de compensation à Matignon, François Hollande lui a proposé un "super ministère" regroupant la Culture, l'Education nationale et la Jeunesse. Mais Martine Aubry a préféré décliner l’offre. Plutôt ne rien avoir après son échec de Matignon. "François Hollande a fait un choix politique en ne me nommant pas à Matignon, je n'allais pas entrer dans je ne sais quelle négociation sur un ministère de je ne sais quoi", a-t-elle déclaré, sans détour, au Monde.

A part Lille, quel avenir ?

Aujourd’hui, Martine Aubry doit retrouver une place à gauche. Même son rôle pour la campagne des législatives reste flou. Au Monde, la patronne du PS a assuré qu'elle ferait "la campagne des législatives". "Nous sommes convenus tous les trois que, dans ces circonstances, l'endroit où je suis le plus utile, est d'être à la tête du Parti socialiste, pour être auprès de Jean-Marc Ayrault, chef de la majorité. Je conduis la campagne pour les socialistes", a-t-elle poursuivi. Pourtant, à plusieurs reprises, François Hollande a affirmé que ce serait son Premier ministre qui serait chargé de conduire la bataille des législatives. Premier couac.

A plus long terme, son avenir est aussi flou. Martine Aubry restera bien maire de Lille, "une ville qui la comble", mais elle a déjà prévenu :  la patronne du PS ne sera pas candidate à sa propre succession au prochain Congrès du PS, prévu fin octobre. Celle qui avait défini "ses priorités pour redresser le pays", dans une lettre adressée aux Français,  pendant la primaire socialiste, sera peut être réduite au rôle de baronne locale du PS d’ici quelques mois.