Alzheimer : Sarkozy n'oublie pas d'en parler

Sarkozy prononcera une allocution à l'occasion du 4e anniversaire du Plan Alzheimer
Sarkozy prononcera une allocution à l'occasion du 4e anniversaire du Plan Alzheimer © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
Le président en a fait l’un des succès de son mandat. Qu’en pense le monde médical ?

 Le plan Alzheimer, c’est l’une des grandes fiertés de Nicolas Sarkozy. Un point de son bilan que l’UMP ne manque jamais de mettre en avant. Ainsi, la semaine dernière, quand le parti a diffusé six millions de tracts sur la défense de son quinquennat le plan Alzheimer, initié en 2008, figurait en bonne place. Mercredi, pour le quatrième anniversaire du plan, le président n'a donc pas oublié d’en remettre une couche.

Ce plan est "devenu un modèle pour les autres pays", a ainsi insisté le président souhaitant que l'effort soit poursuivi dans le temps. 

Mais qu’en est-il vraiment ? Le plan a-t-il atteint tous ses objectifs ? Du côté des professionnels de Santé, on reconnaît que le plan Alzheimer a considérablement amélioré l’accès aux soins des familles touchées par la pathologie. "Il y a de bonnes choses, mais d’autres sont encore sujettes à questions", a résumé, il y a quelques semaines, pour Europe1.fr, Olivier de Ladoucette, président de la Fondation IFRAD , organisme privé qui soutient la recherche.

Les réussites du plan

Pour faire le bilan de ce plan, il faut revenir à avant 2008. Alzheimer est alors une maladie taboue. Les familles taisaient cette pathologie. Personne n’en parlait. Les médecins étaient consultés tard, trop tard. Aujourd’hui, il y a plus d’aisance à aller vers les soins", explique Olivier de Ladoucette, estimant que le plan Alzheimer a déjà l’intérêt d’avoir rendu la maladie plus visible.

Autre réussite du plan : la galaxie des soins est désormais plus accessible grâce à la mise en place des MAIA, des maisons d'autonomie, sorte de ''guichet unique'' pour le malade d'Alzheimer et sa famille. "Cette structure, expérimentale, est encore trop peu répandue et mal structurée. Mais, elle a le mérite de s’adresser à toute la famille, puisqu’Alzheimer est une maladie qui touche toute la famille", précise encore le président de l’IFRAD. Pour résumer : les MAIA ont beaucoup facilité l’organisation du parcours du patient (trouver des structures de repos, des accueils de jour, etc.)

Enfin, la recherche a bénéficié depuis 2008 de 140 millions d’euros répartis sur 125 projets."La recherche, c’est le grand succès de ce plan", renchérit sur Europe1.fr, Joël Ménard, qui avait mené, en 2007, la commission Alzheimer . Selon lui, "la France a pris une position de leadership sur la génétique de la maladie. Des médicaments pour retarder la progression de cette pathologie doivent même passer au stade des essais 'cliniques' dans deux ans", ajoute-t-il.

En somme, le plan a permis d’avancer vite. "C’est un dossier de l’Elysée, il est passé avant les autres", confit un membre du gouvernement.

Là où le plan n’a pas encore réussi

Mais, si beaucoup d’avancées ont donc été enregistrées sur le front de la maladie, la France dépiste encore trop tard ses malades. En moyenne, il faut 22 mois pour diagnostiquer Alzheimer en France. Il ne faut que 12 mois en Allemagne, note l’IFRAD.

De plus, "les professionnels, pris individuellement, se plaignent également des lenteurs administratives. Pour eux, c’est trop peu et c’est trop lent", explique Olivier de Ladoucette, reconnaissant des inerties administratives, notamment de la part des instances sanitaires.

Enfin, le plan "dépendance" n’ayant pas été adopté, Alzheimer pèse encore trop sur les finances des familles. Prendre en charge un malade coûte, en moyenne, 2.000 euros par mois, dont la moitié est à la charge de ses proches.

"En résumé ce plan est perfectible, mais il doit absolument être reconduit en 2012. Les efforts ne doivent pas être relâchés", conclut Olivier de Ladoucette, soulignant l’immensité du dossier : en France, plus de 800.000 personnes sont atteintes de la maladie. Dans 15 ans, les professionnels estiment qu’il y aura deux fois plus de patients, cela représente deux fois la taille d’une ville comme Marseille".