Ukraine : 50.000 manifestants à Kiev

L'amnistie promulguée vendredi par le président Ianoukovitch et entrée en vigueur samedi n'apparaît que comme un ultimatum donnant 15 jours à l'opposition pour quitter les lieux publics occupés, ce que les contestataires ont refusé d'emblée.
L'amnistie promulguée vendredi par le président Ianoukovitch et entrée en vigueur samedi n'apparaît que comme un ultimatum donnant 15 jours à l'opposition pour quitter les lieux publics occupés, ce que les contestataires ont refusé d'emblée. © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
ESSENTIEL - L'opposition a exigé dimanche une médiation internationale dans la crise.

#ESSENTIEL

- 50.000 manifestants sont rassemblés dans le centre de Kiev.

- L'opposition demande une aide financière à l'Occident

- Kerry s’est rendu à Munich pour soutenir l’opposition.

- Une intervention de l’armée serait en préparation selon l’un des leaders de l’opposition.

- Le parti de Timochenko affirme que le pouvoir prépare l'état d'urgence.

#LES DERNIÈRES INFOS

Un nouveau meeting dimanche. Plus de 50.000 manifestants de l'opposition se sont rassemblés dimanche dans le centre de Kiev, occupé par les contestataires depuis le début de la plus grave crise de l'Ukraine indépendante. Les principaux dirigeants de l'opposition, Vitali Klitschko et Arseni Iatseniouk, de retour de Munich où ils avaient reçu le soutien de l'Occident, ont été acclamés à leur arrivée sur le podium. Il s'agit de la première manifestation importante depuis dix jours, destinée à pousser à reculer le président Viktor Ianoukovitch, en congé maladie depuis le milieu de la semaine dernière.

Deux journalistes russes passés à tabac. Un blogueur et journaliste russe qui relatait la contestation a affirmé avoir été enlevé avec son cameraman à Kiev et passé à tabac par des inconnus parlant le russe, dans un message mis en ligne sur son blog. "Mon cameraman et moi avons été emmenés la nuit à bord d'une voiture aux vitres teintées, sans plaques d'immatriculation", a écrit le journaliste, Nikita Perfilev, dans le message mis en ligne samedi soir. "On nous a battus et on nous a recommandé de revenir en Russie", a-t-il ajouté, sans préciser la date des faits.

L'opposition demande donc l'aide de l'Occident... C'est dans ce contexte que l'opposition a demandé une aide financière à l'Occident, a annoncé dimanche à Kiev l'un des chefs de la contestation, Arseni Iatseniouk. Ce dernier a rencontré samedi à Munich les chefs de la diplomatie américaine, allemande et française. "Nous nous sommes adressés aux partenaires occidentaux en disant avoir besoin d'une aide financière. Nous c'est le peuple ukrainien, pas un seul kopeck au régime de Ianoukovitch, il va tout voler", a déclaré Arseni Iatseniouk". L'opposition a également déclaré dimanche qu'elle souhaitait une médiation internationale dans ses pourparlers avec ce dernier "pour éviter des interprétations divergentes".

Des images de la manifestation :

Kerry soutient l’opposition... Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a apporté samedi le soutien américain et européen aux opposants ukrainiens, affirmant que "les Etats-Unis et l'Union européenne se tiennent au côté du peuple ukrainien dans son combat" pour se rapprocher de l'Europe. "Ils se battent pour le droit de s'associer à des partenaires qui les aideront à réaliser leurs aspirations. Ils considèrent que leur avenir ne dépend pas d'un seul pays", a affirmé le chef de la diplomatie américaine dans une allusion à la Russie, lors d'un discours prononcé à la Conférence de Munich sur la sécurité. Kerry doit rencontrer les leaders de l’opposition, dont l'ex-boxeur Vitali Klitschko.

… L’UE aussi. Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a appelé pour sa part le président ukrainien Viktor Ianoukovitch à "remplir ses engagements" devant l'opposition en jugeant que c'était "la seule chance de trouver une issue à la confrontation politique".

Vers une intervention de l’armée ? Face à cette crise sans précédent qui inquiète de plus en plus à l'étranger, l'armée ukrainienne a exigé vendredi des mesures d'urgence, affirmant que l'escalade de la contestation menaçait "l'intégrité territoriale" de cette ancienne république soviétique. En marge de la conférence internationale sur la sécurité à Munich, l'un des leaders de l'opposition ukrainienne, Arseni Iatseniouk, a mis en garde les Européens contre une intervention "très probable de l'armée" contre les manifestants.

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© Reuters

Le parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko a affirmé samedi que le pouvoir ukrainien était en train de préparer l'instauration de l'état d'urgence pour mettre fin à plus de deux mois de contestation. L'enquête des services de sécurité ukrainiens (SBU) pour "tentative de prise du pouvoir" annoncée dans la nuit de vendredi à samedi "est un élément d'un scénario de force, de la préparation de l'instauration de l'état d'urgence", a déclaré Grigori Nemyria, un responsable du parti Batkivchtchina.

La Russie dénonce l’ingérence étrangère. La Russie qui a joué un rôle clé pour convaincre le pouvoir ukrainien à renoncer à un accord d'association avec l'UE, une volte-face à l'origine de la contestation, a accusé samedi les Européens d'"encourager" les radicaux à Kiev. "Qu'est-ce que l'incitation à la protestation violente a à voir avec la promotion de la démocratie?", a lancé à Munich le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov.

Des actes de torture ? La crise ukrainienne a également été marquée par l'affaire du militant de l'opposition Dmytro Boulatov, hospitalisé après avoir été, selon son récit, enlevé et torturé pendant une semaine et dont les images du visage ensanglanté ont fait le tour du monde. L'opposant, que la justice avait assigné à résidence pour "organisation de troubles massifs", a finalement été autorisé à se rendre à l'étranger pour recevoir des soins médicaux. L'opposant recevra des soins médicaux en Lituanie où il arrivera en transitant par Riga, a indiqué dimanche le ministère lituanien des Affaires étrangères.

L'amnistie entre en vigueur. Dans ce contexte, l'amnistie promulguée vendredi par le président Ianoukovitch et entrée en vigueur samedi n'apparaît que comme un ultimatum donnant 15 jours à l'opposition pour quitter les lieux publics occupés, ce que les contestataires ont refusé d'emblée.

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