Sauvé à 2h de son exécution

Warren Hill, considéré malade mental, pourrait être exécuté lundi en Géorgie, sauf avis contraire de la Cour suprême américaine.
Warren Hill, considéré malade mental, pourrait être exécuté lundi en Géorgie, sauf avis contraire de la Cour suprême américaine. © MAXPPP
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G.S. et Marion Sauveur avec AFP et Reuters , modifié à
Sa mise à mort devait avoir lieu lundi aux États-Unis. La Cour suprême l'a suspendue.

L'exécution de Warren Hill, condamné à mort souffrant de troubles mentaux, a été suspendue lundi en Géorgie (sud-est des Etats-Unis), à deux heures de l'horaire fatal, en raison d'un changement de procédure d'injection létale, a décidé la Cour suprême de cet État. Il devait être le premier condamné exécuté dans cet État par l'injection d'un seul produit, le pentobarbital, au lieu de trois produits auparavant.

"On a besoin de plus de connaissance sur cette injection unique", a décrypté Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine capitale (DPIC). "A peine une poignée d'exécutions ont eu lieu (dans le pays) avec ce produit", a-t-il dit. "La Géorgie a changé de méthode à la veille de cette exécution, ce n'est pas le premier Etat à le faire mais il l'a fait dans un délai très court, il avait (déjà) retardé l'exécution de cinq jours mais ce n'est pas suffisant pour faire des recherches".

Un retard mental "prépondérant"

Warren Hill a été condamné à mort en 1991 pour le meurtre d'un co-détenu alors qu'il purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour avoir tué sa petite amie. Il a passé vingt-et-une années dans le couloir de la mort.

Doté d'un QI inférieur à la normale, Warren Hill a été diagnostiqué avec un retard mental par plusieurs experts et tribunaux. Un juge de Géorgie a confirmé jeudi le retard mental du condamné selon le critère majoritaire, dit des "éléments prépondérants", mais a refusé de surseoir à l'exécution, estimant que le critère requis par la Géorgie n'était pas rempli.

Chaque Etat décide des conditions requises

L'affaire suscite un débat sur la sévérité des critères retenus par cet Etat pour définir le retard mental. La Géorgie est le seul Etat américain qui requiert que le retard mental soit prouvé "au-delà d'un doute raisonnable". Les autres Etats se contentent d'"éléments prépondérants" pour conclure qu'un condamné à mort souffre de troubles mentaux et doit alors se voir épargner la peine capitale, conformément à la loi.

En 2002, la Cour suprême avait interdit l'exécution de condamnés retardés mentaux jugeant que leur handicap "ferait courir le risque d'une exécution arbitraire". Mais elle a laissé chaque Etat fixer les conditions requises pour déterminer ce type de handicap.

La France "préoccupée"

Plusieurs organisations et personnalités, dont l'ancien président américain Jimmy Carter, mais aussi la famille de la victime elle-même, ont appelé à commuer la condamnation à mort en réclusion à perpétuité. La France a exprimé sa "préoccupation concernant la situation de Warren Hill" et demandé que son exécution puisse être évitée tout en réitérant son appel à un moratoire universel sur la peine de mort.

La semaine dernière, Yokamon Hearn, âgé de 34 ans, a été exécuté en dépit des preuves de ses troubles mentaux. Une autre exécution similaire est programmée le 1er août au Texas.

Le 21 septembre dernier, la Géorgie avait mis à mort un autre Noir, Troy Davis, malgré des doutes sur sa culpabilité. L’affaire avait fait grand bruit.