Quels risques après l'accident nucléaire?

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Hélène Favier avec agences , modifié à
"A l'heure actuelle, il semble que les risques pour la santé soient assez faibles", assure l'OMS.

L'explosion dans une centrale nucléaire à 250 km de Tokyo samedi constitue un "événement majeur" selon les experts, sans être comparable à Tchernobyl. L'accident a été évalué au niveau 4 sur l'échelle des événements nucléaires qui compte 7 niveaux. Quelles sont les causes et les conséquences de cet accident? Voici quelques éléments de réponse.

A quoi est liée l'explosion ? - Après le séisme, le réacteur de la centrale s'est arrêté par mesure de sécurité. Mais il a continué à chauffer, avec des températures de l'ordre de 1.000 degrés. Une réaction chimique s'est alors produite, fabriquant de l'hydrogène qui a dû se répandre dans l'enceinte de confinement. Vraisemblablement, le gaz produit a été évacué dans la partie supérieure du réacteur et a fait sauter un panneau soufflant qui le recouvre.

La situation peut encore s'aggraver

Y-a-t-il un risque de fusion au sein du réacteur japonais ? - Le phénomène de fusion correspond à la surchauffe d'un combustible qui commence à fondre et à couler, comme une bougie. Il devient alors difficile à refroidir et les gaines qui retiennent les produits radioactifs n'existent plus. Les produits radioactifs risquent alors de passer dans l'eau qui circule théoriquement en circuit fermé. Au sein du réacteur japonais, il a probablement, selon les informations disponibles, une fusion au sein du réacteur. Si c'est le cas, elle se traduira par la présence d'un magma, qui résulte de la fusion des métaux présents et de l'uranium lui-même. Ce magma pourrait alors se retrouver en fond de cuve, la percer à son tour. Le béton peut encore jouer un rôle de refroidissement et l'explosion n'est pas automatique.

Cette situation est-celle comparable à Tchernobyl ? - Non, car la centrale de Tchernobyl ne disposait pas d'enceinte de confinement mais d'une simple chape de béton. En outre, à Tchernobyl, il s'agissait d'un emballement de la réaction nucléaire, avec un réacteur en surchauffe, alors qu'au Japon les réacteurs ont été arrêtés 24 heures avant l'explosion. Ce qui se passe au Japon, "n'a rien à voir avec Tchernobyl", a martelé lors d'une conférence de presse le ministre Eric Besson. En revanche, la situation peut encore évoluer, comme l'a indiqué Jean-Mathieu Rambach, expert en génie civil à l'institut de radioprotection et de sûreté nationale (IRSN) au JDD.fr.

Y a-t-il eu des radiations ? - Oui, avec un relâchement volontaire d'un peu de vapeur pour éviter que le bâtiment ne se fendille, et avec la vapeur d'eau contaminée qui est sortie de la centrale après l'explosion du bâtiment du réacteur.

De l'iode pour éviter les cancers

Quels sont les risques pour les populations ? - Il faudra mesurer sur place la quantité de radioactivité sur le sol. En fonction de la contamination constatée, les gens évacués pourront revenir plus ou moins tôt : plus ils habitent près de la centrale, plus ils risquent de tarder à rentrer. Mais si l'on a bien évacué les endroits où l'on pense qu'il y a risque de retombées radioactives, il y a peu effet sur la santé de la population. Selon la police, plus de 215.000 personnes ont été évacuées vers des abris dans le Nord et l'Est. Les autorités ont également indiqué qu'elles se préparaient à distribuer des comprimés d'iode aux habitants des zones proches des deux centrales. Cette iode "va protéger les thyroïdes de ceux qui la prendront et éviter les risques de cancers liés au radiations", a expliqué samedi Damien Mascret, le spécialiste santé d'Europe 1.

Y-a-t-il un risque pour la santé des habitants des autres régions ? - "A l'heure actuelle, il semble que les risques pour la santé publique soient assez faibles. Nous constatons que le niveau de radiations émises par une centrale nucléaire est très bas", a assuré samedi Gregory Hartl, porte-parole de l'OMS, l'Organisation mondiale pour la santé.

Que va-t-il se passer dans les semaines qui viennent ? - Il faudra nettoyer les endroits contaminés : soit mettre une couche de terre par-dessus, soit racler la couche du sol contaminé. Mais une partie des éléments radioactifs va se détruire d'elle-même car le propre de la radioactivité est de disparaître toute seule avec le temps. Tout dépend des quantités.